Les dirigeants des trois pays africains frappés par Ebola se réunissent mardi à Bruxelles avec les représentants de la communauté internationale pour tenter de venir à bout de l’épidémie et garantir le versement de l’aide promise de 4,9 milliards de dollars.
Agences de l’ONU, Banque mondiale, ONG ainsi que délégations européennes, américaine, chinoise, cubaine ou australienne: tous les acteurs de la lutte contre Ebola sont représentés.
Pays à l’épicentre de l’épidémie qui s’est déclarée début 2014, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée seront représentés par leurs chefs de l’État, Ellen Johnson Sirleaf, Ernest Bai Koroma et Alpha Condé et seront accompagnés du président du Togo, Faure Gnassingbé.
Co-organisée par l’Union européenne, la réunion vise à faire le point sur la bataille décisive qu’il reste à mener pour arriver au « zéro cas » humain, alors que les contaminations refluent.
« Cela va être une tâche très difficile et méticuleuse », a souligné le coordinateur de l’ONU pour la lutte contre l’épidémie David Nabarro, lors d’un point de presse à Bruxelles.
Depuis le pic de l’épidémie, durant l’automne, les nouveaux cas ont été divisés par dix, passant de quelque 900 à une centaine en moyenne par semaine, selon l’ONU. Quoique tardifs, le sursaut international et l’engagement africain ont permis de contenir l’épidémie, qui a fait quelque 9.700 morts recensés.
Si parmi les trois pays les plus touchés, le Liberia est sur la bonne voie, la tendance est toutefois repartie à la hausse dans certaines zones côtières de Guinée et de Sierra Leone, avec la persistance de foyers aléatoires dans des zones reculées de ces pays.
– Garantir le versement de l’aide –
« Nous n’en sommes pas encore à tourner la page. Il faut maintenir la mobilisation et vérifier que tout le nécessaire est fait », souligne-t-on à la Commission européenne.
Parmi les priorités, la mise en place d’équipes sanitaires volantes pour mieux ventiler la riposte. Une des préoccupations est de convaincre des « communautés qui résistent encore » d’adopter les bonnes pratiques, selon Ismaïl Ould cheikh Ahmed, qui dirige la mission de coordination des Nations unies pour Ebola.
En matière de personnel, « il manque encore de 200 à 300 spécialistes de santé publique », à trouver surtout en Afrique pour plus d’efficacité, a expliqué M. Nabarro à l’AFP.
Le retard pris pour mobiliser et former les quelques milliers de soignants requis a toutefois été comblé pour l’essentiel, grâce à l’engagement de nombreux Africains et à la mise en place d’un système d’évacuations rassurant les volontaires étrangers.
L’enjeu est aussi de garantir le bon versement des aides promises, pour un montant total de 4,9 milliards de dollars, dont 2,4 milliards ont déjà été déboursés, selon des chiffres de la Commission.
La contribution européenne, 1,2 milliard d’euros, a déjà été versée « pour plus de la moitié », selon une source européenne, se félicitant d’une « rapidité très rare ».
Mais « il ne s’agit pas d’une conférence de donateurs », assure-t-on. L’examen d’éventuelles rallonges financières a été renvoyé à deux prochains rendez-vous internationaux sur Ebola, en avril à l’initiative de la Banque mondiale et en mai à l’appel du secrétaire général de l’ONU.
Chute de 12% du PIB de la région touchée, systèmes de santé sinistrés, avec le risque que le sida ou la malaria regagnent du terrain, production agricole réduite de moitié, secteur minier affecté: un soutien à long terme est de fait requis pour faire face au désastreux impact économique et social de l’épidémie et aider les pays touchés à un complet rétablissement, selon l’exécutif européen.
La conférence vise à « préparer cette transition » pour « éviter que cette déstabilisation ait des effets pervers à moyen et long terme », dans une zone qui émerge à peine de décennies de sanglantes guerres civiles.