Les Nations Unies à travers l’Office de Consolidation de la Paix, en collaboration avec la Mission Permanente de la Guinée auprès de ladite Organisation a tenu ce lundi 4 mai une cérémonie commémorant la vie et l’œuvre de l’ancien ministre Thierno Alioune Diaouné, sauvagement assassiné, à Conakry il y a quelques mois.
Dans une atmosphère pleine de douleur, de consternation et de compassion, diplomates, anciens collègues et collaborateurs, amis et parents de l’ancien coordonnateur du Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en Guinée ont témoigné tour à tour la grandeur d’homme, l’intelligence, le charisme, la chaleur humaine, les compétences, le patriotisme bref, l’importance et l’utilité de Diaouné pour la Guinée, l’Afrique et le monde tout entier.
Mamadi Touré, l’ambassadeur représentant permanent de la Guinée auprès des Nations Unies : « Le crime ne restera pas et ne doit pas rester impuni ! »
« Au nom de la Guinée et au nom de la communauté guinéenne aux Etats-Unis, j’ai le devoir pénible d’adresser un dernier adieu à un digne et valeureux fils du pays…Thierno Alioune Diaouné nous fut cruellement et tragiquement enlevé. Soyez assurés que le gouvernement (NDLR : guinéen) prendra toutes les dispositions, toutes les mesures nécessaires pour que la lumière soit faite sur les circonstances de sa mort. Ce crime ne restera pas et ne devra pas rester impuni…De l’imminence et solide qualité de son caractère, sa nature franche et loyale, la chaleur humaine et l’ouverture d’esprit qu’il dégageait lui avaient valu le respect et l’estime de tous ceux qui ont travaillé avec lui, ou qui l’ont côtoyé. Nous perdons en lui, un ferme et précieux soutien. Et sa disparition dans nos rangs a causé un vide qui sera très difficile de combler. Monsieur Diaouné a consacré une large partie de sa vie professionnelle à la défense et à la promotion de la paix, à l’éducation et à l’emploi des femmes et des jeunes. Des valeurs qu’il a défendues avec ardeur et vigueur aussi bien dans la société civile que lors de son passage au gouvernement…Il fut un acteur influent, dévoué et respecté au sein de la société civile guinéenne.
Monsieur Diaouné a brillamment servi entre autres comme ministre de la jeunesse et des sports dans le gouvernement de la Transition. Au cours de sa gestion de ce ministère sera mise en œuvre une politique nationale en vue de l’inclusion et de la participation socioéconomique des jeunes et des femmes. C’est également lors de son passage à la tête de ce ministère que fut introduite la requête pour que la Guinée soit inscrite à l’agenda de la consolidation de la paix…Sa dévotion et ses efforts ont contribué notamment à la mise en œuvre du programme d’appui à la consolidation de la paix en Guinée. Nous sommes ici aujourd’hui pour honorer une énorme perte que les mots ne décriront jamais assez justement… Sa mort subite laisse une œuvre inachevée. Et nous nous devons tous, par notre attitude, nos dires et nos écrits entretenir sa mémoire… Son sens élevé de la citoyenneté, son patriotisme et son engagement continu pour l’avènement d’une Guinée meilleure le placent à jamais dans les cœurs des Guinéens et dans l’histoire de la Guinée…»
Brian Williams, Fonds de Consolidation de la Paix, Bureau pour l’Appui à la Consolidation de la Paix : « Diaouné avait ses empreintes dans tous les projets du PBF en Guinée ! »
« Diaouné était parmi ceux auxquels on a de plus confiance aux Nations Unies. Il a mis tout son cœur et toute son âme pour servir son pays. Il fut un grand défenseur de la paix, la stabilité et des droits humains pour une Guinée meilleure, mais aussi pour une Afrique meilleure et pour un monde meilleur. En Guinée et ailleurs, ses collègues ont toujours reconnu sa capacité de trouver le consensus…Il a été toujours un promoteur du dialogue et du compromis…Il a toujours été sollicité pour conseils…Il était un homme grand de taille avec un large sourire. Et sa chaleur et son attention à l’autre sont remarquables dès le premier contact…Il a toujours impressionné positivement…Tout comme moi, un autre collègue m’a raconté d’avoir été hautement impressionné par Diaouné…Il avait 4 à 5 téléphones dans ses mains, toujours entre deux appels…Il était si sollicité que tout le temps il a un appel à prendre. Et il a toujours réussi à maintenir ses nombreuses connections et à les mettre ensemble car il fut un défenseur infatigable de la démocratie, de la paix et de la réconciliation…Durant nos rencontres sous régionales et régionales, à chaque fois que nous étions confrontés à des moments, des situations tendues, on lui faisait appel car il était l’homme de la situation…Nous avons compté sur ses facultés créatives et ses capacités stratégiques pour nos programmes et projets en Côte d’Ivoire, au Niger et Burkina Faso. Et nous aurions certainement fait la même chose dans d’autres parties du monde…La dernière fois que j’ai parlé avec Thierno était en décembre. Je l’ai mis en haut-parleur de la voiture car j’étais derrière le volant. Après une discussion très animée, ma femme m’a demandé mais qui est cet homme ? Car, rien à l’entendre, même à des horizons très très lointains, elle pouvait attester la détermination, l’engagement et la passion de l’homme…C’est une grande perte pour nous tous…Il est important de noter que les Nations Unies, à travers la représentation du bureau du commissariat aux droits humains à Conakry, a dédié la salle de conférence de son siège à la mémoire de Diaouné. Il nous manque beaucoup, mais mon office et moi-même ne l’oublieront jamais, et continueront toujours à honorer sa mémoire.
Fernandez-Taranco, Sous-Secrétaire Général à l’appui à la Consolidation de la Paix : « Thierno était un exemple du bon travail de l’ONU ! »
« Qu’en bien même je n’ai pas l’occasion de rencontrer l’homme, mais je peux attester que durant les réunions et les travaux du bureau, le nom de Thierno revenait constamment et régulièrement. A tel point que je me suis rendu compte que j’aurais pu le rencontrer plutôt pour mieux comprendre comment fonctionnent les efforts et actions de consolidation de la paix sur le terrain, comment les Nations Unis est devenu de plus en plus bénéfique aux peuples de ce monde, comment l’organisation aurait mieux coopérer avec les gouvernements, les partenaires et les autres agences onusiennes. Pour mes briefings, à chaque fois que je demandais au staff de me fournir des exemples du bon travail que nous faisons, les programmes de Thierno et son équipe en étaient un. Son dynamisme, sa faculté de penser, d’innover sont sans pareil…(NDRL : larmes aux yeux) ce fut pour moi et pour le bureau de la Consolidation de la Paix un grand choc, une perte énorme quand nous avons appris son décès et les circonstances de sa mort. Par ce que nous comptions sur le genre et la nature de leadership et de compétences que Thierno a partagé avec nous pour pouvoir diriger effectivement sur le terrain et démontrer le type de leadership et de pensée, de la manière de travailler en vue d’avoir un impact dans la vie des peuples dans le monde. Constamment, sa détermination, son engagement, ses infatigables efforts nous ont conduits à faire appel à lui pour notre mission au-delà de la Guinée, au-delà de l’Afrique. Il était doté de qualités spéciales et fut un model en service public…Il était un collègue brave et courageux qui a pu créer en si courte durée d’énormes différences. Ses qualités personnelles et professionnelles ont été un rôle model pour beaucoup d’entre nous…Pour nous ce fut un véritable privilège et un grand honneur d’avoir eu à travailler avec lui. Pour nous, pour ses enfants, sa famille, son pays et pour le monde entier c’est une grande perte. »
Mbaranga Gasarabwe, Sous-Secrétaire Générale (UNDSS), ancienne Coordonnatrice Résidente en Guinée : « Thierno était ce charismatique et brave leader…»
« Quand j’évoque Thierno, j’évoque l’initiative que nous avions engagée ensemble appelée «le dialogue social et la caravane pour la paix ». J’étais en Guinée durant les moments difficiles pour la Guinée (2005-2010)…Après les manifestations de 2006-2007, j’ai entrepris une mission humanitaire avec Thierno. Nous avons emprunté des avions de l’Onu pour apporter une assistance humanitaire aux victimes des violences lors de ces manifestations…Ces moments m’ont permis de travailler avec Thierno comme chef de fil de la Société Civile, avec les syndicalistes feu Ibrahima Fofana et Rabiatou Sera Diallo. Thierno était ce charismatique et brave leader, capable de secouer le cocotier pour dire ce qu’il pense, rassembleur au franc parler. Après la mort de plusieurs jeunes, c’était lui qui passait remonter le moral des blessés dans les hôpitaux. Sa voix, son sourire, il pouvait lancer des blagues au moment où tout le monde en avait besoin…»
Jennifer Sprutt, ancienne colluègue, Aide et Action : « Thierno, créateur d’opportunité ! »
« Thierno Diaouné, généreux, engagé, déterminé, hospitalier et aimable, toujours positif, (NDLR : elle pleure chaudement). Un père et un mari plein d’affection, un ami admirable, un bien-aimé-enfant-terrible. Je t’ai rencontré dans les années ’90 quand tu dirigeais Aide et Action dans sa mission d’éducation et de scolarisation pour tous les enfants de la Guinée. Grâce à tes initiatives, tu as permis à beaucoup de jeunes de Guinée à obtenir des diplômes d’études pour certains, de poursuivre de hautes études pour d’autres, ou d’explorer de nouvelles opportunités pour d’autres encore. Tu as permis aussi à Aide et Action de conquérir un leadership africain…Ta vision et ton énergie étaient fondamentales dans l’élaboration d’un programme d’éducation pour tous en Guinée. Tes efforts inlassables ont permis de rassembler des acteurs des groupes communautaires locaux avec les acteurs de la Banque Mondiale. Et beaucoup d’autre dans le processus…2009 fut une année tragique pour la Guinée. La Guinée avait perdu Ibrahima Naby Diakité, qui fut ton ami…Nous t’avons vu la dernière fois à Baltimore, l’été dernier, plein d’idées et d’énergie. Tu étais en train de faire la différence pour la Guinée et pour l’Afrique. Ton puissant intellect et tes talents étaient toujours durs à suivre. Tu as toujours soutenu que les efforts et les solutions pour la démocratie et le développement doivent êtres locaux, toutes les voix méritent d’être écoutées et entendues, que les jeunes doivent être soutenus et encouragés dans leur effort de transformer la société et que transparence et justice doivent prévaloir. Tes discours et actions vont continuer à inspirer beaucoup de gens…Aujourd’hui nous commémorons la mort précoce et cruelle d’un homme. Permettons-nous aussi de célébrer et honorer, avec chaleur et joie, la vie de Thierno, ses innombrables actions et réussites…Ma profonde sympathie va à endroit de madame Diouné, à Fatou Bangoura, aux enfants de Thierno et la famille élargie de Diaouné y compris nous tous. Que Dieu benisse ton âme, mon ami. (NDRL : elle pleure fortement). »
Alexandra, ancienne collègue, collaboratrice et amie, Fonds de Consolidation de la Paix : « C’est bizarre la Guinée, l’Afrique et le monde sans Thierno ! »
« Thierno, Thierno ! C’est le nom qui était le plus utilisé lors de nos réunions…car ton regard éclairé sur le monde était très apprécié. (NDLR : elle ne retenait pas ses larmes). Depuis notre première rencontre, à Conakry, j’ai senti que nous étions très proches, qu’il y avait quelque chose de très fort, qui dépassait notre différence d’âge et de culture. Quand on se saluait, il me disait « merci ma grande pour tes conseils », ce qui me faisait toujours rire, car en effet c’était lui mon grand. Et c’était moi qui étais toujours très appréciative pour ses conseils…Thierno était très consensuel, qui avait la capacité extraordinaire de créer des situations de dialogue où tout le monde se sentait à l’aise. Thierno était un grand homme, courageux, juste, sincère. (NDLR : impossible de comprendre ce qu’elle vient de dire car elle pleurait et faisait pleurer plus d’un)…Il avait une énergie positive, très contagieuse qui nous guidait partout, notamment dans les situations les plus difficiles. Thierno ! Mon grand ! Je n’aurais jamais imaginé participer à une cérémonie de commémoration comme celle d’aujourd’hui. Car tu étais l’image même de la vie. C’est très bizarre la Guinée sans toi, l’Afrique sans toi, les Nations Unies sans toi. Le manque de tes appels à New York, je n’arrive pas à m’y habituer. Mais tu es plus que jamais vivant dans nos pensées et dans nos cœurs. Et ton travail et regard éclairés demeurent pour nous tous une source d’inspiration. Ta foi dans un projet idéal de paix, plus grande que toi, vivra longuement, bien au-delà de ta courte vie. Tu me manques beaucoup Thierno ! »
Vincent Kayijuka, ancien collègue et collaborateur, Bureau pour l’Appui à la Consolidation de la Paix : « L’humanité a besoin d’un Thierno ! »
« Permettez-moi de partager avec vous parmi les nombreux messages que nous avons recu, celui du National Democratic Institut (NDI) qui dit ceci : « le monde a perdu un grand homme, qui a travaillé sans relâche pour la démocratie, la paix et les droits humains. Nous, au NDI, honorons son héritage ». Voici une illustration qui prouve que Thierno n’était pas un fonctionnaire des Nations Unies. Il fut un fonctionnaire extraordinaire qui, à chaque fois que cela était nécessaire, allait au-delà des sentiers battus, au-delà des murs des Nations Unies, pour chercher les capacités et l’expertise…J’ai rencontré Thierno pour la première à Durban, en Afrique du Sud. Le même jour, en route pour un diner, lui et moi étions si fortement et chaleureusement concentré à nos discussions que nous avons raté l’adresse du restaurant. Ce soir nous avions fait le tour de l’Afrique. Thierno était si attaché et concentré à l’Afrique et à son pays qu’il s’oubliait. Je retiens de Thierno c’est que mes collègues et moi au bureau avions presque créé un nouveau mot, qui ne s’attendait qu’à être intégré dans le dictionnaire. Chaque fois que nous étions confrontés à une situation difficile, on disait « we need a Thierno » qui signifie on a besoin d’un Thierno. Thierno est un Mozart assassiné, qui nous a quitté très tôt, mais aussi, comme Mozart, nous a laissé un héritage. Héritage que nous avons le devoir et la responsabilité de sauvegarder. »
Oumar Wan, ancien collègue, collaborateur et proche ami : « Thierno, nous prions pour toi, prie pour ton pays ! »
« Thierno, un homme chaleureux, ouvert au dialogue, toujours et partout disponible. Un homme qui sait écouter les gens, à prodiguer des conseils. Il a toujours eu le sens et la faculté de l’anticipation. Intelligent et brillant, il fut un. Il possédait un leadership et une vision forts, et disposait d’un grand talent de communication…Grace au leadership de Thierno, Aide et Action Guinée a pu mobiliser plus de fonds en faveur de l’école et la scolarisation des jeunes en Guinée…Ton passage au sein de la Société civile, au gouvernement de la Transition et au Fonds de la Consolidation de la Paix a laissé des empreintes indélébiles en faveur de la Guinée et de l’Afrique. Plus que jamais de par le passé, Thierno nous a quitté au moment où son pays avait le plus besoin de lui. C’est pourquoi nous nous devons d’œuvrer à perpétuer la mémoire de Diaouné, à continuer son œuvre en faveur de la paix, et à défendre les valeurs et les causes qu’il toujours et partout défendues…Je prie Dieu pour le repos de ton âme en paix dans le paradis. En retour, je te demande Thierno de prier pour ton pays en faveur de la paix. »
Madame Seck Fatoumata Tounkara, sœur ainée de madame Diaouné : « Thierno, synonyme d’espoir et d’espérance ! »
« Thierno Aliou Diaouné n’a pas été que mon beau, mais un cousin à moi. (NDLR : avec la voix pesante, des larmes qui coulent). Il fut un homme gentil, responsable et généreux…Diaouné était celui qui apportait solutions à tout problème qu’il pouvait. Il a laissé des enfants, une famille. Je remercie le système des Nations Unies, l’ambassade de Guinée et toute la communauté guinéenne, particulièrement, madame Chérif de Baltimore. »
Didier Fall, proche ami : « Thierno, une vie bien remplie ! »
« Je retiens beaucoup de choses de mon ami, notamment ses capacités à transformer et à transmettre ses idées et sa vision…Je voudrais suggérer, avec l’appui des Nations Unies, la création d’un fonds ou d’une action en son nom en faveur de la paix en Guinée. Une cause pour laquelle il a consacré toute vie d’adulte. »
Abdoul Diallo, président du bureau Guinéen : « Thierno, une source intarissable d’inspiration ! »
« Le monde entier a reconnu en Diaouné un homme de paix, de vision et plein d’amour pour son pays. Ma première et unique rencontre avec lui remonte en décembre 2013. Il avait saisi l’occasion pour engager une discussion intéressante sur le rôle et la place des jeunes dans le processus du développement et du maintien de la paix en Guinée… »
in Guinéenews