Oxi ! » (Non !). Laminés par cinq ans de crise économique, les Grecs ont rejeté, lors du référendum de ce dimanche 5 juillet, les offres d’aides financières des créanciers européens qui exigeaient, en retour, de nouvelles mesures d’austérité, de nouveaux impôts et de douloureuses réformes. Ce vote va-t-il aider à mettre fin à la tragi-comédie grecque ou la faire tourner au drame ?
On peut redouter les plus dangereux scénarios. Dénonçant « le chantage », les « ultimatums » de ses créanciers, Alexis Tsipras, Premier ministre du gouvernement de la gauche radicale grecque (Syriza) présente ouvertement la victoire du « non » comme une simple arme pour obtenir un meilleur accord, de meilleures aides et moins d’austérité dans de nouvelles négociations.
Il promet que ce « non » ne signifie pas une sortie de l’euro ou de l’Union européenne (UE), mais juste moins de sacrifices pour rembourser la colossale dette grecque (320 milliards d’euros, plus de 170% du PIB). Le chef du gouvernement grecque en est persuadé, à tort ou à raison, il l’a dit est répété : les Européens n’oseront pas aller au bout de « leur chantage », en faisant sortir la Grèce de l’euro.
Le risque d’une réaction européenne négative
Mais les Européens considèrent que ce référendum n’est pas un moyen de négociation. Et ils risquent de très mal réagir à ce qu’ils peuvent considérer comme une claque, comme un rejet d’offres qu’ils jugent, à tort ou à raison eux aussi, assez généreuses. A peine les résultats partiels donnant une victoire au « non » annoncés, le ministre allemand de l’Economie Sigmar Gabriel affirmait d’ailleurs que de nouvelles négociations paraissaient « difficilement imaginables », Tsipras ayant « coupé les derniers ponts » entre son pays et l’Europe.
« Les Européens vont être très fermés », prévient un diplomate européen au cœur du dossier grec :
Alexis Tsipras va demander mieux mais les Européens seront très difficiles. Car certaines opinions publiques dans l’UE sont exaspérées par les Grecs. Ce sera très difficile de recoller les morceaux. Il ne peut y avoir de conclusion des négociations dans un bref délai. »
Même si c’est un scénario peu probable, la rupture semble tout de même possible, à terme. Avec une entrée dans l’inconnue : non seulement la sortie de la zone euro, mais même de l’Union européenne. A Moscou, on évoque même le scénario, jubilatoire pour le Kremlin, d’une sortie de l’Otan, d’une Grèce qui changerait alors entièrement de camp… A peine les résultats partiels annoncés, le vice-ministre russe de l’Economie commentait d’ailleurs ce « pas vers la sortie de la zone euro » de la Grèce.
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