Les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par le virus Ebola ont appelé vendredi aux Nations unies les donateurs à les aider à relever leurs économies en leur accordant 3,2 milliards de dollars, au moment où l’épidémie connait une résurgence.
Leurs présidents, Ellen Johnson-Sirleaf (Liberia), Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) et Alpha Condé (Guinée), ont participé à une réunion organisée à l’ONU pour financer la reconstruction des services de base des trois pays, en particulier leurs systèmes de santé.
Ces fonds doivent couvrir les besoins pour une durée initiale de deux ans.L ‘épidémie a fait plus 11.000 morts depuis fin 2013, presque uniquement dans ces trois pays. Elle a désorganisé leurs systèmes de santé, ravagé leurs économies et fait fuir les investisseurs.
La Commission européenne a annoncé vendredi qu’elle allait débloquer quelque 450 millions d’euros pour aider à leur redressement (171,4 millions pour la Sierra Leone, 121 millions pour le Liberia et 148,9 millions pour la Guinée).
« Nous savons que l’humanité a parfois une capacité d’attention limitée et qu’elle veut tourner la page parce que la menace d’Ebola semble finie », a déclaré le président de la Sierra Leone.
« Non, a-t-il averti, la menace demeurera tant que nous n’aurons pas reconstruit le système de santé que l’épidémie a démoli (…) et ranimé le secteur privé qu’elle a asphyxié ».
« Ebola est un ennemi obstiné. Soutenir notre programme de redressement économique permettra d’éviter son retour », a-t-il martelé. « Nous comptons sur votre soutien ».
Mme Johnson-Sirleaf a rappelé que l’épidémie avait réduit de manière dramatique les perspectives de croissance dans son pays, au Liberia (qui sont passées de 5,9% à O,4%), mais aussi en Guinée (de 4,5% à 1,3%) et au Sierra Leone (de 11,3% à 6%). « Nous pouvons et nous devons revenir aux progrès qui prévalaient avant le traumatisme d’Ebola », a-t-elle affirmé.
Elle a évalué la facture pour redresser les trois économies à 3,2 milliards de dollars, en plus d’un plan régional estimé à 4 milliards de dollars.
« Il en va de l’intérêt du monde dans son ensemble », a-t-elle plaidé. « Les virus comme le terrorisme ne connaissent pas de frontières nationales ».
– Nouveaux cas –
Le président guinéen Alpha Condé a lui insisté sur la « nécessité d’un plan Marshall de relance » pour les trois pays, et d’une annulation de leur dette extérieure.
La Banque mondiale évalue le montant des pertes en termes de Produit intérieur brut (PIB) pour les trois pays à 2,2 milliards de dollars au moins (1,4 milliard pour la Sierra Leone, 535 millions en Guinée et 240 millions au Liberia).
Selon un récent rapport de la Banque, 4.022 femmes risquent de mourir chaque année lors de grossesses et d’accouchements dans ces pays du fait de la perte de personnels de santé tués par Ebola.
En ouvrant la conférence, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait estimé que « la stratégie de lutte contre l’épidémie est efficace mais que la dernière étape de la riposte est particulièrement difficile ».
« Nous ne pouvons pas encore pousser un soupir de soulagement », a-t-il souligné. « Les nouveaux cas au Liberia nous obligent à rester vigilants étant donné les risques régionaux ».
Et à terme, a-t-il ajouté, « la communauté internationale devra continuer à donner la priorité au redressement économique post-Ebola bien après la fin de cette crise ».
Le Liberia vient d’enregistrer de nouveaux cas après avoir été déclaré exempt de la maladie le 9 mai dernier. Ses deux voisins luttent toujours contre l’épidémie, qui est repartie à la hausse après avoir nettement régressé depuis le début de l’année.
Ces trois pays regroupent plus de 99% des victimes de l’épidémie. Celle-ci a fait plus de 11.200 morts depuis décembre 2013, dont plus de 4.800 au Liberia.
AFP