Les mesures du ministre guinéen en charge de la Ville et de l’Aménagement, relatives à l’occupation illégale des espaces publics, des domaines publics notamment au niveau du littoral et des flancs des montagnes, prennent forme.
Cette campagne de déguerpissement, entamée dans la capitale guinéenne, touche maintenant Dubréka et de Coyah, deux préfectures qui battent le record en matière de spoliation des domaines publics et des zones industrielles réservées.
En effet, depuis plus d’une décennie, des responsables administratifs et élus locaux se livrent à une vente systématique des domaines publics avec l’appui des directions préfectorales de l’Habitat. Dans cette entreprise de spoliation, destructrice pour l’environnement, ces responsables n’épargnent ni les flancs de montagnes encore moins les montagnes elles-mêmes, sensées pourtant êtres préservées pour réguler l’écosystème de toute une région.
Le spectacle de l’envahissement du pied du Mont Kakoulima se passe de commentaires. Idem pour le littoral de Dubréka, occupé par les constructions anarchiques.
Manéah, le siège de la CRD touché par le déguerpissement
Comme il fallait s’attendre, ce siège, bâti sciemment sur la partie sensible du Mont Gbalan, est rattrapé par les services techniques du Département de Louncény Camara. Et depuis la semaine dernière, ces derniers sont à pieds d’oeuvre pour faire respecter ces mesures particulièrement à Manéah. Selon nos informations, des constructions faisant objet de déguerpissement sont entrain d’être identifiées. Et parmi ces bâtiments, tenez vous bien, le siège de la CRD de Maneah. Il abrite aussi la Sous-préfecture. Ce siège a été construit sur la partie sensible du Mont Gbalan sur l’initiative du Président de la CRD Abou Zator Camara. Contre cette initiative de nombreuses voix, avant et pendant l’édification, s’étaient élevées pour préserver cette Montagne de Gbalan. Mais en vain. Et dès après sa construction, savamment orchestrée par l’équipe de la CRD très intransigeant sur la question, celle-ci a entrepris une vente systématique du Mont Gbalan (sur la photo).
Quelles responsabilités ?
Si l’initiative du Ministre de la Ville et de l’Aménagement est saluée par les associations de jeunesse et sages des deux préfectures, il faut dire que les responsabilités, à tous les niveaux, dans cette entreprise de détournement de domaines publics et de destruction de l’environnement, doivent être situées, les auteurs sanctionnées pour servir d’exemple à la nouvelle gérération de dirigeants.
En effet, vers la fin du régime précédent, à part les hauts gradés de l’Armée qui, par leurs influences, s’offraient des hectares sur le flanc du Mont Kakoulima, les responsables administratifs et élus locaux en vendaient aux premiers venus. La vente de ces domaines avait soulevé la question des frontières entre les deux préfectures quand les cadres des directions préfectorales de l’Habitat et de Coyah et de Dubréka avaient failli en venir au point n’eut été l’intervention du feu président Lansana Conté.
Il y a aussi dans le même ordre d’idées la question des parcelles cédées par les coutumiers suite aux lotissements et qui entrent automatiquement dans le portefeuille des domaines de l’Etat. En effet, depuis plusieurs années, ces parcelles, appelées ‘’équipements’’ et qui devaient servir pour la construction des infrastructures publiques, sont entrain d’être vendues si elles ne sont pas redistribuées aux responsables administratifs et aux élus locaux.
Selon les informations obtenues au Ministère de l’Habitat, ces terrains sont sous le contrôle exclusif des services techniques des directions préfectorales de l’Habitat, des CRD, des quartiers, des districts, des secteurs. Ils sont présents en amont et en aval du processus de lotissement et sont là au moment de la vente des terrains de l’Etat.
S’il pourrait être difficile de retrouver leurs traces, qui pourraient être occultées par les services techniques de l’Habitat de Coyah ou de Dubréka, les coutumiers, qui possèdent encore des plans de lotissement, peuvent être un grand atout pour retrouver ces domaines publics vendus ou détournés.
L’on se pose aujourd’hui la question jusqu’où les services de Lounceny peuvent ils aller pour sauver cette montagne et récupérer les domaines détournés. Car, l’inertie dans la préservation des domaines de l’Etat à Coyah se passe de commentaires. Le premier responsable, préfet Abdrahamane Keitéa, longtemps informé par des associations des détournements domaines publics à Manéah, refuse de bouger. Et ce malgré les instructions du Chef de l’Etat Président Alpha Condé.
Kalé Oscar