Abidjan- A mon avis (et je peux me tromper) les bousculades meurtrières à la Mecque ne relèvent pas de la volonté d’Allah, mais d’une négligence humaine coupable, liée au manque ou à l’insuffisance de mesures de sécurité et de protection, à un endroit de forte affluence de pèlerins.
A mon avis, tant que les autorités saoudiennes ne seront pas placées de façon très ferme devant leurs responsabilités administratives, diplomatiques, civiles, financières, pénales et politiques (notez que je ne parle pas de responsabilités religieuses), d’organisateurs ; ces bousculades meurtrières qui se répètent depuis des décennies, continueront.
Que faire ? Ma solution relève du réalisme : contraindre les organisateurs du Hadj à prendre davantage de mesures de sécurité et de protection des pèlerins. En quoi faisant ? En leur mettant la pression. Comment ? Par par un moyen simple, dont l’efficacité a été éprouvée dans toutes les Nations du monde et par tous les temps : la justice.
Les parents et proches de victimes, avec ou sans leurs Etats respectifs (il ne faut pas trop compter sur le soutien des Etats, parce qu’en jeu, il y a les fonds de souveraineté saoudiens, il ne faut pas être dupeLol), avec ou sans les organisateurs nationaux du Hadj (qui « mangent » dans l’affaire, comme on le dit prosaïquement à Abidjan), doivent commencer à créer des collectifs, à prendre des avocats (l’on ne me dira pas que c’est trop couteux, vu le coût du Hadj par pèlerin) et attaquer en justice, les organisateurs saoudiens du Hadj, dans leurs pays respectifs,en Arabie Saoudite même et auprès des organisations régionales et internationales.
En clair, les parents et proches de victimes (717 morts cette année, dont 14 Ivoiriens, 364 en 2006, 251 en 2004 ; 1426 en 1990) doivent demander des comptes judiciaires, afin de savoir exactement ce qui cause les bousculades et ce qui fait que l’afflux n’est pas maitrisé lors des bousculades. Ils doivent aussi et surtout demander des réparations pécuniaires, aux autorités saoudiennes. Personne n’aime des procès retentissants qui prêtent à salir une image ou une réputation, donc à décourager de futurs candidats au pèlerinage, pour une activité qui se trouve être la deuxième source de revenus du pays, après le pétrole. L’argent est le nerf de la guerre…
A mon avis, bien que ce ne soit pas mes oignons (je suis chrétien et je n’aime pas les débats qui touchent aux religions, parce qu’ils relèvent plus que de l’opinion, de la foi, qui pour moi, est radicalement non discutable), tant qu’on laissera les autorités saoudiennes, dans cette affaire (au propre comme au figuré) sans comptes, ni explications, encore moins poursuites judiciaires, elles se contenteront de nous laisser croire que les morts qui surviennent à la Mecque relèvent de la volonté d’Allah et que par conséquent, ceux qui sont morts sont destinés à aller au paradis. A mon avis cette idée reçue est une escroquerie spirituelle. Je répète : c’est une grosse escroquerie spirituelle.
Evidemment, je ne prends pas cette position, pour soulever une quelconque polémique religieuse (je ne discute jamais de la foi des uns et des autres – étant universellement connu que le salut, s’il existe, reste personnel-, comme je discute rarement les opinions), c’est une position d’intellectuel qui appelle au débat dépassionné, mais surtout décomplexé. Ceci est donc mon avis, il est strictement personnel et il est forcément subjectif.
André Silver Konan
Journaliste-écrivain
