Guinée : Sommet du COP 21, les enjeux et négociations…Un expert guinéen se prononce

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Sans titre 4Guinée-Conakry : Ibrahima Sory CISSE  Expert Chimiste / Environnementaliste , Directeur Général de Cabinet d’Etudes et de Prestations en Environnement  CEPE-GUINEE (une ingénierie indépendante au service de la protection de l’environnement et du développement durable ), est l’invité de notre rédaction. On a évoqué avec lui le sommet COP 21 et les négociations en cours. Interview

GuinéeTime : A la veille de la Conférence internationale sur le climat COP 21  à Paris, situez-nous sur les annonces des contributions nationales

I.S Cissé : De nombreux pays en développement ont fait état de leurs engagements, souvent conditionnés à la mise en place de mécanismes d’aide financière et technologique. Le Mexique a été le premier pays émergent à le faire et le Gabon, le premier pays africain. Sur l’ensemble des 149 plans, la copie de l’Ethiopie et celle du Maroc comptent parmi les rares qualifiées de «suffisantes» et «adaptées» par différentes ONG.

Les derniers plans en date présentés à l’ONU sont ceux de l’Afghanistan et de l’Equateur, remis mardi. Manquent encore à l’appel la plupart des pays pétroliers: Arabie saoudite (seul membre du G20 absent), Iran (dans le top 10 des émetteurs), Oman, Qatar, Koweït, Nigeria, Venezuela.

Qu’est-ce que les Etats promettent de faire  pour le climat d’ici 2030? 

En amont de la COP21, et dans le cadre d’un nouvel accord international sur le climat, plus de 60 pays se sont déjà engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Mais comment trouver chaque année 100 milliards de dollars pour financer les pays du Sud ? 

C’est le point le plus épineux du futur accord. Pour aider les pays pauvres à lutter contre les bouleversements climatiques et à s’adapter aux conditions nouvelles, les pays riches doivent trouver 100 milliards de dollars annuels de financement. Jusqu’à présent, les pays riches ont récolté près de 62 milliards de dollars. Il y aurait notamment 43 milliards issus d’institutions publiques, 16 milliards d’acteurs privés et 1,6 milliard de crédits à l’export. Il reste donc 38 milliards de dollars à trouver pour permettre aux pays pauvres d’aborder «sereinement» la transition énergétique.

Début Octobre, la communauté internationale s’est réunie à Lima à ce propos. Cette dernière a augmenté ses engagements financiers pour lutter contre le réchauffement climatique et adopté un vaste plan d’action pour mettre au pas les multinationales fuyant l’impôt.

Environ 15 milliards de dollars supplémentaires par an ont été promis par les banques de développement. Ce nouvel effort a été notamment apporté par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et la Banque européenne de reconstruction et de développement, qui se sont engagées à augmenter la part de leurs investissements consacrés à des projets verts.

En outre, les taxes sur les émissions de carbone et sur les transactions financières ont une nouvelle fois été évoquées comme étant des solutions de «financements innovants».

Selon Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et président de la COP21, l’objectif de 100 milliards par an d’ici à 2020 semble désormais être à portée de main même si des contributions du secteur privé seront décisives.

Le World Ressources Institute (WRI) s’est penché sur les voies et moyens, pour la communauté internationale, de dégager les 100 milliards de dollars annuels nécessaires à l’adaptation des pays du Sud aux changements climatiques.

Selon l’étude, la seule possibilité serait que les investissements publics servent de levier pour attirer des financements privés.

Pour atteindre ainsi l’objectif, il faudrait «que les gouvernements des économies développées augmentent leurs promesses de 10 à 14 milliards de dollars d’ici à 2020 et que les banques de développement consacrent une plus grande part de leur budget à la finance climat, pour un montant global de 9 à 13 milliards de dollars de plus en 2020 ».

WRI suggère plusieurs mesures pour assurer la part nécessaire de financements publics : les recettes de la taxe sur les transactions financières (que 11 pays européens sembleraient disposés à adopter), les crédits à l’exportation, l’allègement de dettes et, surtout, la réorientation des subventions faramineuses accordées, dans le monde, aux énergies fossiles.

Avez-vous une idée du futur accord qui sera signé  à l’issue de ce sommer sur le climat? 

Les Etats participant aux pourparlers climatiques ont, depuis le 5 octobre à disposition, une version nettement raccourcie du texte de négociation du futur accord sur le climat. Ce document de 20 pages, contre plus de 80 précédemment, est «une base concise pour les négociations», a souligné début octobre le secrétariat de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques.

À la précédente session de négociations, fin août/début septembre à Bonn, les diplomates de l’ONU avaient chargé les deux coprésidents des débats de produire un nouveau texte, «cohérent» et «concis» pour la nouvelle session prévue du 19 au 23 octobre. Toutefois, cette version raccourcie suscite déjà des réserves et pourrait entraîner des demandes d’amendements, notamment du Groupe dit des 77 (133 pays en développement + Chine).

Après une semaine de discussions parfois tendues, les négociateurs, réunis en Allemagne, se sont accordés sur un document plus long et plus complexe qu’attendu.

Pourquoi est-il qualifié de complexe?  

Adopté à Bonn vendredi 23 octobre, le texte censé servir de base à la conférence de Paris sur le climat suscite des réactions perplexes parmi les négociateurs. Représentant 195 pays, ceux-ci ont discuté pendant une semaine en Allemagne afin de définir le cadre de la «COP 21 », le rendez-vous mondial prévu à Paris, du 30 novembre au 11 décembre, qui doit donner lieu à des engagements afin de contenir le réchauffement climatique sous la barre de + 2 degrés.

«Le texte n’est pas exactement ce que j’avais espéré pour le début de la conférence de Paris », a regretté la négociatrice française, Laurence Tubiana. «Nous n’avons pas réellement négocié cette semaine, nous avons clarifié les options, mais nous ne pourrons pas répéter ça la prochaine fois, vous devez être prêts à négocier à Paris dès le premier jour , a-t-elle ajouté.

«Si nous voulons transformer ce texte en accord juridique, nous devrons travailler différemment à Paris », a de son côté affirmé le Pérou.

Difficiles, parfois tendues, les discussions ont abouti à l’approbation d’un texte passé de 34 à 55 pages, alors que la concision faisait partie des objectifs. Il a parfois fallu en appeler à des médiateurs, les discussions ayant rouvert le traditionnel fossé entre pays développés et en développement.

Comment expliquez-vous cette fracture Nord-Sud? 

Les pays du Sud, qui vont pour la première fois s’engager à des réductions d’émissions de gaz à effets de serre (GES), rappellent la responsabilité du Nord dans le réchauffement.

Ils ont ainsi insisté pour obtenir des engagements financiers afin de faire face aux impacts du changement climatique. Les pays du Nord considèrent quant à eux que les grands pays émergents peuvent désormais contribuer financièrement. La question des dommages climatiques subis, et de leur compensation, demeure aussi une question sensible. Des divisions profondes que les chefs d’État, présents lors de l’ouverture de la COP 21, sont invités à résoudre. 

Que peut-on dire aujourd’hui de certains fleuves en Guinée dont celui du Niger qui inquiète?

Le fleuve Niger est le plus important bassin versant de l’Afrique de l’ouest , il arrose neuf pays . En Guinée , il arrose les préfectures de Faranah où il prend sa source , kérouané , Mandiana , Siguiri , kankan, kouroussa , Dabola , kissidougou et couvre une superficie de 76.385 km carré .

Aujourd’hui , le constat environnemental du bassin Djoliba présente un caractère aigu , les charges théoriques sont en augmentation et la qualité des eaux se dégrade .

Cependant l’exploitation sauvage et la gestion anarchique de ses ressources menacent sa viabilité et l’existence des populations riveraines . les phénomènes naturels comme la sécheresse , l’inondation sèment  la désolation parmi les paisibles populations riveraines , les changements climatiques qui les favorisent augmentent la vulnérabilité et aggravent  la dégradation des bases de productions des populations riveraines du Niger .

Ainsi , on a observé sur le Sankarani pour ne citer que cela , des variations de débit assez significatives . Sur une période d’environ 20 ans , la moyenne annuelle qui était de 340 mètre cube par seconde ( 1973-1980 ) est descendue à 190 mètre cube par seconde ( 1980-1989 )  soit une diminution de près de 50% du débit total.

Il ne fait guère de doute que cette situation affecte dangereusement les activités génératrices de revenus des populations riveraines . Cela explique le constat pénible révélé dans le document de stratégie de réduction  de la pauvreté du gouvernement , en identifiant la zone comme étant la plus pauvre parmi les plus pauvres de la république .

C’est pourquoi, il est urgent de mettre en place un réseau intégré de réhabilitation du bassin de Niger y compris le plan de gestion durable et intégré du Niger et de ses ressources pour offrir les bases de production saine et diversifiée aux populations vivants de leurs exploitations.

 

 

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