Le Libérien George Weah a brillé sur les pelouses impeccables dans de grands stades, connu une riche carrière de footballeur puis est rentré dans son pays pour se lancer en politique. Chez lui, il taquine désormais le ballon sur des terrains de fortune et se cramponne à son rêve présidentiel.
Comme chaque samedi, celui que ses partisans appellent «Mister George » troque son costume d’opposant à la présidente Ellen Johnson Sirleaf contre un maillot de foot pour s’entraîner avec des amis à Paynesville, dans la périphérie de Monrovia, la capitale, avant de disputer un match chaque dimanche, quand il le peut.
Ce samedi, l’homme, crâne rasé, barbe poivre et sel, porte un maillot floqué «Weah », avec le numéro 18.
Au stade Willis D. Knuckles Jr où il s’entraîne, le décor et le public sont très loin de ce qu’il a connu lorsqu’il faisait les beaux jours de Monaco ou du Paris Saint-Germain (PSG) avant d’obtenir le Ballon d’or 1995 sous les couleurs du Milan AC: les spectateurs sont quelques dizaines, le sable remplace le gazon, les lignes blanches sont tracées à la craie…
«Nous venions ici pour regarder nos grands-frères jouer », affirme à l’AFP George Weah, 49 ans, après avoir fini sa partie et s’être changé, montrant le terrain. « Ces gamins qui sont ici pour nous regarder ne viennent pas seulement pour le foot, mais aussi pour l’école de la vie », estime-t-il.
L’ex-footballeur est très populaire dans son pays. En tant qu’opposant, il compte des détracteurs, bien sûr, mais on n’en croise pas dans ce quartier pauvre où il vient fréquemment.
Parmi les spectateurs figure Wilson Toba, un quinquagénaire visiblement ravi de voir George Weah s’échauffer et jouer. « C’est un gars du coin, il est parti d’ici », dit Toba. « Nous sommes des pauvres et nous le soutenons tous », assure-t-il, en référence au combat politique de l’opposant, chef du Congrès pour le changement démocratique (CDC).
Le 28 avril, George Weah s’est officiellement lancé dans la course pour l’élection présidentielle prévue en 2017 au Liberia, se présentant en candidat de « l’espoir » et se disant certain de l’emporter.
«Quand je vivais dans le ghetto à Gibraltar (bidonville de Monrovia où il a été élevé par sa grand-mère, ndlr), il n’y avait pas d’espoir, mais j’ai quand même gardé espoir », dit-il. « Peu importent les difficultés. J’ai voyagé pour avoir des opportunités (…) et ma vie a changé. Et je suis ici aujourd’hui pour aider les jeunes à avoir des occasions » de s’en sortir.
– ‘Je serai toujours ici’ –
George Weah avait déjà été candidat à la présidentielle de 2005, battu par Ellen Johnson Sirleaf, un résultat qu’il avait dans un premier temps contesté avant de renoncer à son recours. Il l’a de nouveau été en 2011 en tant que candidat à la vice-présidence sur un « ticket » présidentiel.
Mme Sirleaf ne pouvant se représenter en 2017, en raison de la limite constitutionnelle de deux mandats, il devrait retrouver sur sa route son vice-président, Joseph Boakai, 71 ans.
George Weah a remporté son premier mandat en décembre 2014 en devenant sénateur de la province de Montserrado (ouest, où est située Monrovia), distançant très largement Robert Sirleaf, un des fils de la présidente.
Au Liberia, les défis ne manquent pas mais l’ex-star du ballon rond se dit prêt à les relever, citant l’éducation et la santé parmi ses priorités.
En plus de la politique, George Weah est actif dans l’humanitaire libérien. Il a été ambassadeur de la paix pour faciliter le processus de paix après la sanglante guerre civile (1989-2003) ayant fait quelque 250.000 morts au Liberia.
Et en août 2014, il avait lancé une association pour recueillir des dons contre l’épidémie d’Ebola qui affectait alors le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone.
Pour Jonah Sawieh, quadragénaire et ancien joueur de l’équipe nationale qui joue chaque semaine avec lui, le footballeur reconverti en homme politique n’a pas changé. « Il sera toujours le même, il viendra toujours jouer avec son peuple », soutient-il.
Et Weah d’assurer: « Même si je suis élu président du Liberia, on me verra jouer ici. Je serai toujours ici ».
JeuneAfrique