mercredi, mai 1, 2024

Fusilade-Nice : Graves accusations d’une policière contre le ministre de l’Intérieur

Sandra Bertin NiceLa polémique se poursuit sur le dispositif de sécurité du 14 juillet à Nice. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, a vivement démenti, dimanche 24 juillet, les «graves accusations » d’une policière municipale niçoise, contre laquelle il va déposer une plainte en diffamation.
Dans Le Journal du dimanche (JDD), Sandra Bertin, chargée de la vidéosurveillance le soir de l’attentat de Nice, affirme avoir subi des pressions de la Place Beauvau pour modifier son rapport sur le dispositif policier du 14 juillet. Des accusations réitérées dans la soirée sur France 2.
Ce témoignage intervient en pleine polémique entre la municipalité niçoise et le ministère de l’intérieur. Chistian Estrosi – premier adjoint (Les Républicains, LR) de Nice et président de la métropole –, pleinement informé du dispositif de sécurité mis en place le soir de l’attaque, s’en est pris au gouvernement, notamment sur la question du nombre de policiers nationaux mobilisés sur le terrain et sur la nature du «barrage » devant la partie piétonne de la promenade des Anglais, sur laquelle le camion conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel a pu faucher un grand nombre de passants, entraînant la mort de 84 personnes.
Que dénonce la policière municipale ?
La responsable du centre de supervision urbain affirme avoir eu affaire, le lendemain de l’attentat de Nice, à un commissaire de police «m’expliquant être envoyé par le cabinet du ministère et avoir besoin d’éléments de réponse quant au visionnage des caméras ».
Il lui a «demandé un compte rendu signalant des points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l’on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité. Il me met en relation téléphonique avec une personne qui se présente elle aussi comme faisant partie du cabinet du ministre de l’intérieur et qui décline son nom, son prénom et qui m’indique avoir besoin de précisions quant à l’événement », précise-t-elle, assurant être en mesure de fournir son identité à la justice.
«Dans le cadre de ces précisions, [cette personne] me demande de noter précisément dans le rapport les points de barrage où était positionnée la police municipale et où était positionnée la police nationale. Je lui réponds qu’en fonction de ce que je vois, je lui indiquerai, et qu’évidemment je n’inventerai rien, a poursuivi Mme Bertin, et que la police nationale, qui était peut-être là, « ne m’est pas apparue sur les vidéos ».
«Partant de là, elle me demande une version modifiable de mon rapport », « pour “ne pas tout retaper” ». « Ce à quoi je m’oppose », poursuit-elle, affirmant avoir été ensuite « littéralement harcelée téléphoniquement : au fur et à mesure que le temps passe, les appels sont de plus en plus rapprochés ». « On m’a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n’ai pas vues à l’écran. A tel point que j’ai dû physiquement renvoyer l’émissaire du ministère ! »
La policière, également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale de Nice et cosignataire d’une lettre ouverte au premier ministre, Manuel Valls, déplorant le manque de considération du gouvernement pour la police municipale, a finalement «envoyé par e-mail une version PDF non modifiable et une autre modifiable. »
Après avoir envoyé son rapport, la personne se présentant comme un membre du cabinet de M. Cazeneuve a, selon elle, rappelé le commandant de police présent dans la pièce : elle « lui demande de me faire modifier certains éléments, certains paragraphes, en me demandant notamment de faire apparaître sur certains endroits des positions de la police nationale ». «Encore une fois je m’y oppose, le commandant de police s’énerve. Plusieurs personnes ont pris ma défense en disant qu’à un moment il fallait arrêter. [Le policier] indique à une des personnes – là encore je ne dis pas son nom, l’enquête le révélera – qu’il la réquisitionne, qu’il faut modifier le rapport », a conclu la policière sur France 2.
Dans la soirée, son avocat a précisé qu’elle ferait lundi au procureur un signalement pour « faux en écriture publique ».
Que répondent les autorités ?

 
Bernard Cazeneuve a réitéré dimanche soir sur France 2 son démenti, assurant qu’aucun membre de son cabinet n’avait été en contact avec Sandra Bertin, et qu’il n’avait demandé aucun rapport.
Le procureur de la République de Paris, François Molins, avait affirmé un peu plus tôt que c’est sous sa « seule autorité et pour les besoins de l’enquête en cours que le 15 juillet, deux brigadiers chefs ont été envoyés à Nice, pour exploiter les vidéos, le but étant de visionner le cheminement du camion ».
« Jusqu’à l’ouverture de l’information judiciaire » jeudi, «l’enquête a été conduite exclusivement par le parquet », a-t-il ajouté. Une information corroborée immédiatement après par le garde des sceaux, Jean-Jacques Urvoas, qui, dans un communiqué, a rappelé que « l’enquête relative aux assassinats terroristes de Nice (…) relève exclusivement de l’autorité judiciaire ».
En fin de journée, le patron de la police nationale, Jean-Marc Falcone, a ajouté que la police nationale avait envoyé à Nice un commissaire, puis un commandant « pour obtenir grâce à la vidéosurveillance la chronologie des événements du 14 juillet au soir ».
Selon lui, le rapport de Sandra Bertin « adressé au maire de Nice (…) a été transmis en copie [à] l’état-major de la sécurité publique en deux formats, un format PDF [verrouillé] et un format modifiable (…) tout simplement pour permettre une technique de copier-coller pour faciliter la rédaction de la note ». Il a réfuté les accusations de la policière sur une « démarche destinée à modifier des documents ou des données, et encore moins à dicter les termes d [u] rapport ».
Pour M. Cazeneuve, ce type de rapport correspond à «l’usage de faire remonter des informations au directeur général de la police nationale », et n’aura de toute façon « aucun impact sur l’établissement de la vérité, car il ne sera pas versé à l’instruction » judiciaire.
En réponse à ces «graves accusations », le ministre va donc porter plainte pour diffamation.
« Il serait très utile que Mme Sandra Bertin soit auditionnée par les enquêteurs et puisse leur produire les identités et les fonctions des personnes qu’elle met cause, les mails qu’elle évoque et leur contenu. »
Evoquant une démarche de « transparence et de vérité », M. Cazeneuve avait annoncé, jeudi, l’ouverture d’une enquête interne, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont les conclusions doivent être dévoilées la semaine prochaine.
«Cette enquête administrative » de la police des polices « permettra d’établir la réalité de ce dispositif, alors que des polémiques inutiles se poursuivent », a déclaré M. Cazeneuve dans un communiqué.

lemonde.fr

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