Guinée-Kankan : Les campagnes de sensibilisation contre les MGF Mutilations génitales féminines) déclenchées par les autorités guinéennes et qui vont s’élargir aux organisations sur le terrain, mettent déjà « sous surveillance communautaire » les principales victimes de l’excision, les petites filles, constate un partenaire à Kankan.
« En cette période des vacances, les campagnes de sensibilisation empêcheront les ATS (agents de santé) et leurs complices d’exciser les filles mises désormais sous surveillance communautaire » affirme à GuinéeTime Bintoumady Kaba de l’ong Association des Amis de la Solidarité Sociale et du Développement (ASD).
Début août, à l’approche des grandes vacances en Guinée, le gouvernement travers le ministère de l’Action sociale et de la Promotion féminine a procédé au lancement de la campagne nationale 2016 contre l’abandon des mutilations génitales féminines sous le slogan ’’Engageons nous pour des vacances sans excision’’.
« La réalisation de cette campagne sous le sceau de messages uniformes permettra d’aborder sans doute les enjeux, notamment culturels, sur le sujet et d’insister sur l’importance de la préservation de l’intégrité physique de la jeune fille. Ainsi, tout au long de la campagne, il sera organisé par le Ministère et ses partenaires, des actions de plaidoyer, de sensibilisation et de mobilisation des communautés sur les questions des MGF, des ateliers de renforcement des capacités des acteurs sectoriels et la production d’émissions publiques sur les femmes et les jeunes filles » a expliqué Mme la ministre de l’Action Sociale, Sanaba Kaba.
A Kankan, analyse Bintoumady Kaba de l’ASD, cette « campagne de sensibilisation lancée le 3 Août 2016 et sa poursuite dans les districts et secteurs des collectivités viendront consolider les acquis des engagements des familles et communautés dans la voie de l’abandon des MGF/E et Mariage d’enfants ».
Mieux, croit dur cet acteur de terrain joint par GuinéeTime depuis Kankan Nabaya, « les séances de plaidoyers auprès de l’administration locale et des élus locaux mais aussi auprès des leaders religieux, des sages, des communicateurs traditionnels, des associations et groupements de femmes et de jeunes viendront renforcer la synergie pour des services très proches des Enfants et pour les Enfants ».
« Croyance et pratique honorant la fille… »
Selon l’Enquête démographique de la Santé publiée en 2012, le taux de prévalence est de 97% chez les jeunes filles et des femmes de 15 à 49 ans. Il s’agit de taux le plus élevé de la sous région. Elle est répandue dans toutes les régions de la Guinée et dans toutes les ethnies.
La région de Kankan, selon la même enquête, a un taux très élevé 99,4 pour cent. C’est au regard de ce constat, du moins alarmant, que plusieurs partenaires techniques ont focalisé leurs interventions sur la région.
En croire l’ASD, un diagnostic du phénomène des mutilations génitales a été réalisé en 2012 avec l’appui technique et financier de l’Asbl Aniké de la Belgique, qui a permis de comprendre les causes de la persistance de celles-ci.
« (…) les MGF/E étaient encore considérées par des communautés et leaders de la Région à la fois comme une croyance et une pratique ancestrale qui honoreraient la fille excisée et sa famille. L’aspect violence, les conséquences et les complications nées de la pratique étaient moins connus sinon presque non des pères, des religieux, des communicateurs traditionnels, des sages, des jeunes et des victimes elles-mêmes et ce, malgré les efforts déployés sur le terrain par des organisations comme CEPETAF de Dr Morissanda KOUYATE » note Kaba de l’ASD.