Nouveau coup dur pour la Cour pénale internationale. Après l’annonce du Burundi, c’est au tour de l’Afrique du Sud de vouloir quitter l’instance internationale.
La CPI aurait perdu son cap d’après Pretoria
L’Afrique du Sud menaçait depuis plus d’un an de dénoncer le Traité de Rome instituant la CPI. Elle pourrait devenir le tout premier pays au monde à la quitter. En tout cas, c’est ce que pense le président Jacob Zuma : «Aux yeux des leaders africains, la CPI est biaisée », a-t-il affirmé dans un discours mercredi 12 octobre 2015. Selon lui, « seuls les dirigeants africains sont poursuivis par la CPI. C’est pourquoi nous avons besoin de revoir notre participation à la CPI. »
Coopération et droits de l’homme
Le principal parti d’opposition sud-africain, l’Alliance démocratique (DA), a dénoncé une décision « anticonstitutionnelle et irrationnelle », dans la mesure où le Parlement n’a pas été consulté sur le sujet, et décidé de saisir la justice pour obtenir son annulation. Le refus du gouvernement d’arrêter M. el-Béchir a déjà fait l’objet d’une plainte devant la justice sud-africaine. En mars, la Cour suprême d’appel avait estimé que cette décision était « illégale » et accusé les autorités de « conduite scandaleuse ». Ce jugement devait être examiné le mois prochain par la Cour constitutionnelle, mais la décision annoncée vendredi par le gouvernement devrait mettre un terme à cette procédure.
Effet boule de neige ?
L’annonce de l’Afrique du Sud représente un énorme revers pour la CPI, le deuxième en quelques jours. Mardi, le président burundais Pierre Nkurunziza avait promulgué la loi prévoyant que son pays se retire de la CPI. Il ne reste désormais plus au Burundi qu’à notifier sa décision à l’ONU pour lancer formellement le procédure de retrait. Le pouvoir burundais voit dans la CPI un «moyen politique » utilisé par la communauté internationale pour « opprimer les pays africains », se faisant l’écho de critiques récurrentes de dirigeants sur le continent.
Le Burundi a plongé dans une grave crise depuis que Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, avant d’être réélu trois mois plus tard. Les violences y ont fait plus de 500 morts et poussé plus de 270 000 personnes à l’exil. La CPI n’a pas immédiatement réagi à l’annonce de Pretoria. La semaine dernière, le président de l’Assemblée des États parties au Statut de Rome de la CPI, Sidiki Kaba, avait expliqué que le retrait d’un État partie constituerait un recul dans la lutte contre l’impunité et la marche résolue vers l’universalité du Statut ».