Véritable machine à tubes qui écrase tout sur son passage, l’artiste ivoirien qui a signé chez Universal trace son sillon en roi quelque peu contesté du coupé-décalé.
Abidjan, capitale du divertissement, accueillait la toute première cérémonie des «Awards du coupé-décalé ». Tapis rouge, paillettes, tenues bling-bling et champagne étaient de rigueur pour célébrer le rassemblement des artistes de ce genre musical, né en Côte d’Ivoire. Le coupé-décalé, musique au rythme endiablé et utilisant souvent des sons électroniques, est né voilà 14 ans, en 2003, dans les boîtes de nuit parisiennes pour se disséminer dans toute l’Afrique. Et Dj Arafat (Non, son surnom n’est pas tout à fait un hommage à Yasser Arafat, mais, enfant, il avait beaucoup d’amis libanais, du coup ses proches lui ont attribué ce petit nom), la grande star actuelle de la musique ivoirienne, de tout raffler sur son passage. Mais qui est ce jeune artiste ivoirien qui cumule déjà plus de dix ans de carrière, riche en sons et en polémiques ? Il est l’un des dix artistes africains à avoir signé chez un label major, Universal.
Une machine à tubes né
Il faut savoir que Dj Arafat a autant de surnoms que de tubes, ainsi, il n’est pas rare que lui-même, ses proches ou ses fans l’appellent DJ Arafat 3 500 volts d’animation, Arafat muana (en français : l’enfant Arafat) ou encore Yôrôbô 5 500 volts, Zeus d’Afrique… De son vrai nom Didier Huon, DJ Arafat est le fils de Tina Glamour, une artiste ivoirienne prolifique, au style sexy assumé.
Baigné dans cet univers musical, c’est tout naturellement après un passage à vide qu’il devient disc-jockey au Shangaï, une discothèque. C’est la crise et la jeunesse ivoirienne en perte de repères veut s’évader, s’amuser, frimer, alors des jeunes inventent une danse inspirée de la ville d’Akoupé, région d’où sont originaires certains des fondateurs du mouvement. Mais l’une des origines du coupé-décalé, c’est aussi les arnaques ivoiriennes, les « brouteurs » (ces arnaqueurs qui utilisent le Net) : «On coupe (on arnaque), on décale (on disparaît) », explique le journaliste Usher Aliman, auteur de Douk Saga, l’histoire interdite du coupé-décalé. DJ Arafat sort un single hommage à Jonathan aux côtés de ses comparses Douk Saga, Roland le Benguiste, Mulukuku DJ. C’est une période très faste pour le groupe, la jet-set, les tubes vont s’enchaîner, jusqu’à la mort en 2006 de Doug Saga. C’est la première période du coupé-décalé selon les puristes du genre.
Le coupé-décalé est appelé à se muer en mouvement musical dans lequel la créativité des artistes transparaît… Ils inventent leurs propres concepts. On estime qu’il y a plus de 150 mouvements différents, avec des noms bien inventifs empruntés à l’actualité ivoirienne, voire internationale : la « grippe aviaire », le «Guantanamo », «le Kpangor »… Après le succès de cet album, DJ Arafat émigre et s’installe en France et sort un 2e album intitulé Femmes.