Publié le 10 décembre dans Clinical Infectious Diseases, le drame, qui prouve que la maladie n’a pas dit son dernier mot, plaide en faveur d’une surveillance continue de la maladie…..
Une petite fille de 9 mois est morte d’Ebola cet été, en Guinée, après l’avoir contracté en buvant du lait maternel. Sa mère, qui n’avait aucun symptôme, ignorait qu’elle était infectée par le virus.
Le 18 août dernier, la fillette présente quelques symptômes : diarrhée, toux, vomissements, fièvre. Son père, qui est un infirmier plutôt expérimenté, lui administre plusieurs médicaments : antibiotique, antipaludéen, paracétamol et de quoi arrêter les vomissements.
Pendant cinq jours, son état se stabilise, avant de chuter soudainement. Le 24 août, elle est envoyée avec ses parents vers l’hôpital universitaire de Conakry, en Guinée. Mais en chemin, la fillette présente une détresse respiratoire aigüe. Elle décèdera avant d’arriver sur place. Après un test salivaire, le verdict tombe : le bébé est mort après avoir contracté Ebola.
La mère a fait en sorte de la protéger
Pourtant, le secteur où sa famille vit n’a pas enregistré de cas depuis 42 jours (la durée maximum d’incubation est de 21 jours), et la fillette «n’a jamais fréquenté de centre de santé ni été vaccinée car sa mère craignait qu’elle n’entre en contact avec des malades d’Ebola», rapportent les auteurs de l’étude. Ses parents n’ont pas fréquenté de malades ni été à des funérailles depuis le début de l’épidémie, n’ont pas eu de fièvre ou tout autre symptôme laissant penser à une contamination.
Pour comprendre comment la petite a pu être infectée, il a fallu confier les analyses de l’enfant et des parents à équipe internationale dirigée par des chercheurs français et allemands. Et ces derniers ont fini par percer le mystère.
Des traces du virus dans le sperme et le lait des parents
Les deux parents présentaient des anticorps contre Ebola, indiquant qu’ils étaient tous deux infectés par le virus sans pour autant développer la maladie. Les analyses sanguines et urinaires de ces derniers ne présentaient aucune trace du virus. Mais des particules virales ont été détectées dans le sperme du père et le lait maternel de la mère. La proximité de la souche maternelle avec celle retrouvée chez le bébé a permis de poser une conclusion. C’est en la nourrissant que cette mère a contaminé sa fille.
Publié le 10 décembre dans Clinical Infectious Diseases, le drame, qui prouve que la maladie n’a pas dit son dernier mot, plaide en faveur d’une surveillance continue de la maladie qui, entre décembre 2013 et mars 2016, a contaminé plus de 28.000 personnes et fait plus de 11.000 morts en Afrique de l’Ouest, relève Le Figaro Santé.
FIGARO SANTE