
Edito/Alpha Condé, le Chef de l’Etat guinéen est le nouveau président en exercice de l’organisation continentale, l’Union africaine. Sa désignation n’a apparemment souffert d’aucune opposition de la part de ses pairs. Le terrain était déjà déblayé, dirait-on.
Mais comment le président guinéen a-t-il préparé cet autre « coup KO » aux commandes de l’Union africaine ? De sources bien informées, l’on apprend qu’avant de candidater à la présidence de l’Union Africaine, Alpha Condé a pris soins de s’employer dans la dynamique de la décrispation du climat politique en Guinée et alentours.
Pour préparer son coup « KO », jusque-là insoupçonné, Alpha Condé a fait de la crise politique qui couvait dans le pays, une opportunité politique. Son plan, inviter son principal adversaire politique en septembre 2016, Cellou Dalein Diallo, au palais présidentiel pour un échange autour de la situation politique. Au cours de cette rencontre, le président Alpha Condé a pris des engagements. Premièrement, il a instruit son gouvernement à relancer le dialogue dont il s’est engagé à faire respecter les conclusions. Après le huit-clos, les deux meilleurs adversaires sont venus s’exprimer sous les projecteurs de la presse. Et, dans la même dynamique, le chef de l’Etat n’a pas hésité à se rendre, pour la première fois en tant que président de la République, au domicile du chef de l’opposition quand ce dernier a perdu son grand-frère. L’on aura vu rarement, une telle image de Condé et de Diallo si proches, si heureux de se côtoyer…
Les images de ces rencontres successives ayant fait le tour du monde ont alors conforté une certaine thèse largement répandue par ses partisans et selon laquelle, Alpha Condé est un homme de dialogue et de compromis. Et puis, s’en suivra une période de détente politique qui continue de plus belle si heureusement. Il en est de même pour le Haut représentant du Chef de l’Etat, Sidya Touré, président de l’Union des forces républicaines (UFR), qui a d’ailleurs ouvert le bal de la coopération avec Alpha Condé.
De même, il y a l’implication personnelle d’Alpha Condé, aidé du président de la Mauritanie, qui a permis le départ du pouvoir gambien de Jammeh par la manière douce. Au moment où des contingents armés de la Cedeao, soutenus par la communauté internationale, avaient pris position aux portes de Banjul, afin de déloger par les armes le Babili Mansa de la Gambie.
Cette dimension d’homme de dialogue et de compromis capable de dépassement de soi, a dû beaucoup peser sur la balance pour briguer facilement la présidence de l’UA. ça aurait pu être autrement, s’il y avait des bruits dans le pays. Heureusement, Alpha Condé est parti à Addis-Abeba avec des arguments qui tiennent la route.
Mais, au final, Alpha Condé peut remercier le leader de l’opposition, Mamadou Cellou Dalein Diallo pour son partenariat, sa coopération et son sens élevé de compréhension. Même si celui-ci a coopéré sans trop mesurer l’effet Com’, les enjeux et les retombées politiques futures en faveur de son adversaire, le très politique Alpha Condé.