Conakry, Guinée : Au moins trois associations de presse ont rendu publique une déclaration dans laquelle elles fustigent « le silence » de la Haute autorité de la Communication sur le cas Mariam Kouyaté. Une journaliste empêchée d’exercer son travail au CHU Ignace Deen et « déposée » comme un vulgaire colis à la Direction centrale de la police judiciaIre de Conakry. Lisez entre les lignes la colère de la corporation.
Déclaration Commune sur l’interpellation de la journaliste Mariam Kouyaté
L’Association des professionnelles africaines de la communication (APAC), l’Alliance femmes et médias (AFEM) et l’Association des femmes journalistes (AFJ) sont choquées et indignées de l’interpellation de notre consœur, Mariam Kouyaté, journaliste reporter de la radio privée Lynx FM.
Mariam Kouyaté a été interpellée à Conakry, le mercredi 1er février 2017, dans l’enceinte même de l’Hôpital public Ignace Deen alors qu’elle s’était rendue sur place pour vérifier des informations faisant état d’une sévère crise d’eau courante au centre hospitalier affectant gravement les patients et leurs accompagnateurs. Agissant en professionnelle, Mariam avait pris le soin d’en informer les préposés à l’entrée de l’hôpital en montrant sa carte de presse.
Elle était en plein séance lorsqu’elle a été brusquement interrompue. Sur instruction du Directeur général de l’hôpital, notre consœur Mariam Kouyaté a été arrêtée et conduite à la Direction de la Police Judiciaire, où elle a elle été placée en garde à vue avant d’être libérée sur la pression de ses confrères et consœurs journalistes.
Nous associations de femmes journalistes :
- dénonçons avec énergie cet acte illégal et condamnons vigoureusement cette nouvelle forme de tentative de musellement de la presse guinéenne;
- prenons également l’opinion nationale et internationale à témoin. Nous n’accepterons aucun recul de la liberté de la presse, acquise après des années de lutte;
- déplorons le silence inacceptable de la Haute Autorité de la Communication (HAC) et l’invitons également à s’investir davantage dans la protection des journalistes et à garantir le libre accès à l’information.
Nous invitons la Haute Autorité de la Communication à sensibiliser les différents organes de l’administration publique ainsi que les services de sécurité à respecter la carte de presse qui donne le droit au journaliste d’exercer son métier.
Nous exigeons, de la direction de l’hôpital Ignace Deen, des explications et des excuses publiques.
Enfin, nous appelons l’ensemble les acteurs des medias à se battre pour une presse plus libre et indépendante en exigeant :
- L’application et le respect de la loi L002 sur la liberté de presse.
- D’œuvrer pour que la loi L003 sur l’accès à l’information publique soit déclassée. A cet effet, nous invitons la Cour suprême à donner suite favorable à la procédure engagée par l’AGEPI au sujet de la loi portant accès à l’information publique.
Vive la liberté de presse !
Vive la liberté d’opinion et d’expression !
Halte aux agressions et à l’intimidation des journalistes !
Plus jamais ça !
Pour l’APAC , Pour l’AFEM, Pour L’AFJ
Asmaou Barry,Monique Curtis, Afiwa Mata
Conakry, le 03 février 2017