Le militaire guinéen Aboubakar Sidiki Diakité, dit Toumba Diakité, arrêté en décembre au Sénégal et recherché pour le massacre d’opposants en 2009 à Conakry, a été extradé dimanche soir vers la Guinée, a-t-on appris de sources concordantes.
Toumba Diakité, médecin militaire ayant le grade de commandant, a été l’aide de camp de l’ex-chef de la junte qui a dirigé la Guinée pendant un an, en 2008-2009, le capitaine Moussa Dadis Camara, qu’il avait ensuite tenté de tuer.
« Le prévenu a été récupéré à sa descente d’avion juste au bas de la passerelle par une équipe de la gendarmerie, de la police et de militaires, escorté sous haute surveillance probablement vers la maison centrale de Conakry », a indiqué à l’AFP une source aéroportuaire à Conakry.
L’information a été confirmée à l’AFP à Dakar par son avocat sénégalais, Baba Diop, qui l’a jugée « grave parce qu’il y a eu recours pour excès de pouvoir » contre cette extradition.
Ce recours contre l’extradition, approuvée par la justice sénégalaise en janvier et aussitôt avalisée par décret du président Macky Sall, aurait dû être suspensif, a affirmé Me Diop, estimant qu’il s’agissait par conséquent « d’une expulsion et non d’une extradition ».
Toumba Diakité a été extradé par un vol régulier arrivé à l’aéroport de Conakry peu avant 19H30 locales et GMT, selon des sources aéroportuaires et diplomatiques en Guinée.
Visé par un mandat d’arrêt international, il a été arrêté le 16 décembre par des gendarmes à Dakar où il vivait sous « une identité d’emprunt » et après avoir subi plusieurs changements d’apparence, selon la gendarmerie sénégalaise.
Il était recherché pour son implication présumée dans le massacre perpétré le 28 septembre 2009 par des militaires dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à l’élection présidentielle de Moussa Dadis Camara.
Au moins 157 personnes avaient été tuées et 109 femmes violées dans le stade et ses environs, selon la commission internationale d’enquête de l’ONU.
Toumba Diakité a ensuite tenté le 3 décembre 2009 d’assassiner M. Camara, actuellement en exil au Burkina Faso, lui reprochant de vouloir lui faire porter l’entière responsabilité du massacre.
Peu avant son arrestation en décembre, plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme avaient exhorté les autorités guinéennes à respecter leur engagement de tenir le procès du massacre en 2017.
Avec AFP