Conakry, Guinée : Des paroles balancées en l’air, sur un dossier judiciaire le plus explosif en Guinée, de surcroit par un chef militaire, ne devraient pas rester sans suite.
Le pool de juges mis en place par la Guinée, et qui travaille depuis plusieurs années sur le dossier des massacres du 28 septembre 2009, doit s’intéresser au Général Sékouba Konaté, à l’époque des faits, deuxième personnalité du CNDD-Junte militaire- et Ministre de la Défense nationale !
Son niveau de responsabilité au sein de la junte militaire et dans l’appareil de la transition militaire est si important que ses paroles.
La Justice guinéenne, si elle veut réellement rendre justice aux centaines de blessés, aux femmes violées et à plus de 120 morts et familles de cet évènement macabre dans un stade de Conakry, doit impérativement entendre sur PV « El Tigre ». Et le confronter aux personnalités qu’il vient d’accuser publiquement.
Dans une interview chez nos confrères d’Africaguinée, l’ancien chef de la transition en Guinée a cité des noms tels Baidy Aribot, ancien ministre, l’homme d’affaires Kerfalla Person Camara, Isto Keira, haut cadre du ministère des Sports, l’opposant Bah Oury etc…d’être impliqués dans cette tuerie, classée dans le registre de crimes contre l’humanité.
«Dadis-chef de la junte-ndlr- n’a qu’a dire la vérité. Il a donné des instructions à Toumba, Toumba a respecté les instructions qu’il a données. Il y a Bouba Barry (actuel ministre de l’industrie et des petites et moyennes entreprises, Ndlr) qui est impliqué, Isto Keira (Secrétaire général du Ministère de la jeunesse, Ndlr), Baidy Aribot (Secrétaire exécutif de l’Union des Forces Républicaines, il y a plein d’autres. Bah Oury est aussi impliqué », accuse l’ancien numéro 3 du Conseil National pour la Démocratie et le Développement.
Le hic? Le Général Konaté ne veut se confier à un juge guinéen, mais favorable à ceux de la Cour pénale internationale de la Haye.
Sauf qu’en sa qualité, il ne peut exiger cela à une juridiction à qui Fatou Bensouda et sa cour ont, pour le moment, confié ce dossier.
L’arrestation et l’extradition de Dakar pour Conakry, de l’un des accusés, en l’occurence Toumba Diakité, plaident en la faveur de ces juges qui, avec ce rythme, peuvent organiser en Guinée le procès d’ici la fin de l’année en cours.
Mais avant, ces juges ont auditionné des victimes, des responsables militaires et civils en fonction en 2009 et en a inculpé certains.
Le gouvernement guinéen, via le ministre de la Justice, Cheik Sako, veut organiser ce procès et l’a répété. Tout comme la FIDH et ses organisations partenaires dans la défense des droits humains en Guinée qui saluent ces avancées.
Le Général Konaté n’a aucune qualité pour montrer la la voie aux juges et à fortiori, refuser de coopérer si la Justice exprime ce besoin.
Mettre tous les propos de l’ancien homme fort de Conakry sous l’effet de l’alcool, serait banaliser ce qui n’est point banalisable.