Conakry, Guinée : Après le verdict du Tribunal de première instance de Dixinn qui a condamné l’opérateur téléphonique Orange-Guinée au paiement de 10 milliards 250 millions de francs guinéens en réparation et 5 milliards de dommages et intérêts à Suk’Arts, cette maison qui produit en autres, l’artiste Khady Diop sonne la charge et donne une leçon de morale au leader de la téléphonie mobile.
« Par sa décision rendue le 07 avril 2017, le tribunal de première instance de Dixinn n’a fait que rétablir la maison de production Suk’Arts SARL dans ses droits. Orange Guinée, en violation manifeste du droit commercial et de la propriété intellectuelle, s’est impunément et indument enrichi pendant des années sur le dos de petits labels musicaux qui se battent au quotidien pour investir sur des talents. Au lieu d’aider et de soutenir le développement des Artistes locaux, Orange Guinée, en commercialisant frauduleusement et illégalement leurs œuvres, s’enrichit illicitement et prive les Artistes guinéens de revenus potentiels capables d’améliorer leurs mauvaises conditions d’existence.
Ainsi dans sa décision, le Tribunal a constaté qu’en violation du contrat de production exclusive qui lie Suk’Art à l’artiste Khady Diop, Orange Guinée a fait une exploitation commerciale non autorisée des droits protégés de la maison de production de Suk’Arts.
Cette décision de justice est aussi un autre pas gagné contre la piraterie des œuvres musicales en Guinée. Oui, on peut aisément l’affirmer, tout comme ceux qui vendent les œuvres d’Artistes sous le manteau ou au grand jour sur les places publiques, sans aucune licence des producteurs, Orange Guinée s’est bien rendu coupable d’acte de piraterie d’œuvres musicales en opérant leur commercialisation par le biais de tonalité d’attente en appel pendant de longues années en Guinée. Au lieu de contribuer à aider les entrepreneurs dans les industries créatives à mettre en place un écosystème capable de promouvoir de nouveaux moyens de monétisation des œuvres artistiques, Orange Guinée bénéficie de sa position dominante pour tuer et enterrer de petits labels musicaux et faire de l’argent unilatéralement sur le dur labeur qu’ils entreprennent au quotidien avec les talents guinéens. C’est un ogre qui dévore tout et tout seul.
Aujourd’hui, l’économie créative ne peut se passer de la digitalisation qui devient incontournable pour générer de meilleurs revenus pour les Artistes et les entreprises du secteur culturel. Les modèles économiques culturels doivent s’adapter à cette mutation dont des groupes comme Orange Guinée profite exclusivement et indûment à leur seul et unique profit en refusant sciemment d’y associer les acteurs clés et indispensables à la mise en place de cette nouvelle économie numérique.
Au Nigéria, ce sont 150 millions de dollars que l’industrie musicale a généré en 2015 grâce à leurs collaborations avec les opérateurs de téléphonie mobile sur notamment la vente de «callers tunes ». Certes, la marché guinéen n’est pas comparable à celui de ce géant ouest africain, mais ici aussi, les services de tonalité en attente d’appels sont productifs de revenus importants mais au bénéfice exclusif de société comme Orange Guinée qui spolient les faibles et s’enrichit illégalement en toute connaissance de cause.
Suk’Arts est prête à discuter avec les autorités guinéennes en charge du domaine culturel et des nouvelles technologies de l’information pour accompagner les réformes nécessaires à cette nouvelle mutation économique qui s’impose. Elle est convaincue que des milliers de petites entreprises et ainsi des emplois peuvent être créées si ensemble nous menons la réflexion nécessaire à la métamorphose de notre économie. »