Ancien opposant historique et premier président démocratiquement élu de cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest, Alpha Condé, dont le deuxième mandat s’achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats sur le continent – deux au maximum en Guinée.
M. Condé n’a jusqu’à présent pas annoncé de révision de la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2020. Mais plusieurs de ses déclarations ont été interprétées en ce sens, et l’ensemble du gouvernement s’est dit fin mai en faveur d’un changement de la Loi fondamentale, selon le premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.
Des manifestants « violemment » dispersés
Alors que le débat agite depuis des semaines le pays, où les manifestations violentes sont courantes, des opposants ont voulu se rassembler jeudi à N’Zérékoré, la grande ville du sud du pays. Ils répondaient à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), créé en avril par les principaux partis d’opposition, des associations de la société civile et des syndicats pour s’opposer à un troisième mandat.
« Malheureusement, nous avons été empêchés [de manifester] par les forces de l’ordre, massivement déployées sur les lieux dès les premières heures de la matinée », a raconté un militant du FNDC, Ansoumane Konaté.
« Nous portions seulement des banderoles sur lesquelles on pouvait lire “Non à un troisième mandat” ou “Ne touche pas à ma Constitution” », a-t-il expliqué.
Les manifestants ont été « violemment » dispersés par les forces de l’ordre avec des tirs de grenades lacrymogènes et à coups de matraques, a dit à l’AFP un témoin, affirmant avoir vu « trois femmes d’un certain âge battues par des policiers et jetées dans un caniveau ».
Des partisans d’un troisième mandat avaient pu organiser sans encombres une manifestation lundi dans la même ville et leurs activités sont régulièrement diffusées par la télévision nationale.