Conakry, Guinée : L’opposition politique à l’Assemblée Nationale appel à une candidature unique à la présidentielle d’octobre prochain. L’objectif est de faire face à un troisième mandat et offrir une alternance démocratique au pays.
L’annonce a été faite ce samedi 8 août dans un entretien qu’a accordé à notre rédaction l’honorable Fodé Mohamed Soumah, président de la Génération Citoyenne (GECI). Plus loin, il fait savoir que des négociations sont en cours pour le choix d’un candidat capable de battre le candidat du RPG Arc En Ciel qui n’est autre que le Président Alpha Condé si ce dernier accepte biensûr le choix porté sur sa personne au cours de la convention organisée les 5 et 6 Août à Conakry. Lisez cet entretien.
Aujourd’hui, l’opposition tente de se réunir autour d’une candidature unique afin de battre le Président Condé aux présidentielles du 18 Octobre, qu’est-ce qui a motivé cette idée ?
Fodé Mohamed Soumah : Aujourd’hui c’est notre seule issue, c’est notre seule chance. Nous avons face à nous un rouleau compresseur de tout, des fichiers, des institutions, de la police, de la gendarmerie, de l’armée, des maires, des chefs de quartiers, des préfets et gouverneurs. Et bien ! Si on veut aller en ordre dispersés, c’est vraiment accepter d’aller accompagner ce que j’appelle une honte. Maintenant. Si nous allons en rang serré, si nous présentons un candidat capable de fédérer et capable de changer la donne, si aujourd’hui l’opposition parlementaire que nous sommes, nous réussissons à attirer l’opposition extra-parlementaire et au delà, nous avons à même réussit à élargir notre champ aux mouvements de jeunesses et les groupements féminins. Parce que le problème aujourd’hui, il est citoyen il n’est pas que politique.
Est-il possible de s’entendre sur un candidat unique quand on sait déjà que les opposants ne se sont jamais entendus sur ce point en Afrique ?
Une chose est certaine, cela va diminuer le nombre de candidat au-delà de tout ce que le pouvoir prépare, une caution exorbitante, des montants à donner le vertige etc… En allant vers des coalitions qui vont être des coalitions qui vont être fermées et qui pourront se mettre ensemble en cas de second tour. Nous disons que s’il y’a une candidature unique, il n’y aura pas de coup KO (…) La chance pour obtenir l’alternance, c’est vraiment d’aller en rang serré, de faire une unité d’action afin de choisir un candidat unique et crédible.
Nous, on va imposer cette fois-ci que les candidats puissent débattre, il n’est pas question qu’on aille à une élection où il n’y aura pas de débats contradictoires pour aider les Guinéens à se faire une opinion, à faire leur choix. Nous nous battrons cette fois-ci pour qu’il y ait des débats à la télévision nationale, relayé par les télévisions privées, toutes les radios afin que les Guinéens soient édifiés.
Le RPG a choisi à l’issue de sa dernière convention, le président Condé qui dit prendre acte de cette décision. Quelle réponse voulez vous qu’il donne d’après vous?
Vous savez, au-delà même des réponses, ce qui m’estomaque, c’est que je me rends compte qu’un parti qui existe depuis le multipartisme intégral, n’a pas pu organiser de primaires et se trouve dans l’impossibilité de présenter un candidat autre que le Président sortant. De l’autre coté, nous avons un Président qui a gouverné pendant dix (10) ans, n’a pas pensé à préparer un dauphin qui pourrait conserver le pouvoir dans son camp et surtout poursuivre son œuvre. L’un dans l’autre, je trouve que nous sommes dans de ‘’la distraction’’.
Qu’il prenne acte, qu’il attende ou qu’il se prononce plus tard, pour nous l’échec est déjà là. On ne peut pas avoir gouverné pendant dix ans et vouloir encore rempiler, sachant qu’il a prêté serment sur la même constitution à deux reprises. Donc, ce n’est pas aujourd’hui qu’il y’a une nouvelle constitution qu’on pourrait mettre les compteurs à zéro parce que là, ça ne serait plus un troisième mandat, mais un premier nouveau mandat qui en appellerait au second. Pour moi, c’est vraiment affligeant de voir que nous sommes toujours dans l’éternel recommencement.
Mais dans ce cas de figure, on vous dira que la Côte d’Ivoire d’à coté, que le Président Alassane Ouattara veut briguer un troisième mandat…
Vous savez, nous sommes en Guinée et nous avons nos problèmes guinéo-guinéens, arrêtons de nous comparer aux autres, mais de nous comparer a nous-mêmes. Je dis simplement que le Président Alpha Condé a prêté serment pour deux(2) mandats. Il a fini ces deux mandats et maintenant il faut que son parti présente maintenant quelqu’un d’autre. Si le parti qui est là depuis le début est incapable de trouver une autre personne en dehors du Président, quand on sait l’usure du pouvoir, je crois que c’est l’occasion de lui permettre d’aller se reposer, d’écrire ses mémoires.
Êtes-vous satisfait du bilan d’Alpha Condé pendant ces dix(10) dernières années comme l’a égrainé son Premier Ministre Kassory Fofana lors de la convention. Vous qui aviez été son allié en 2010 ?
FCes gens là oublient un peu que les Guinéens ne sont plus dans le parti Etat. Les Guinéens ont les yeux ouverts, donc le mensonge d’Etat ne peut plus proliférer dans ce pays. La Guinée est passée à autre chose(…) Je pense qu’on amuse la galerie car personne ne dira que le Président Alpha Condé n’a rien fait. Je serai la dernière personne à pouvoir sortir une telle inertie, parce que quelque part, il y’a toujours quelque chose qui est faite. Mais entre ce qui aurait dû être fait, ce qui a été fait, ce qui aurait pû être fait, on est très loin du compte. Donc, le Premier Ministre ne fait que déplacer les problèmes, reporter les problèmes alors que les Guinéens aujourd’hui, ce qui les intéressent, c’est l’existence, c’est vraiment mettre le curseur sur ce que nous vivons.
Entretien réalisé par Moïse Rama Fils.