Conakry-Guinée : Depuis l’apparition de la pandémie coronavirus, le secteur aéronautique est l’un des secteurs les plus frappés de plein fouet par cette crise sanitaire qui sévit dans le monde. L’Aéroport International de Conakry Gbessia, à l’image des autres aéroports du monde, n’est pas épargné par la COVID-19. Dans un entretien accordé à notre rédaction, le Directeur général adjoint de la Société de gestion et d’exploitation de l’aéroport de Conakry (SOGEAC), Abdel Kader Yombounaud, explique comment l’aéroport fonctionne depuis la venue de cette pandémie jusqu’à nos jours, mais aussi ces conséquences sur le plan économique.
« Ces derniers temps, le transport aérien est fortement impacté par la présence de la pandémie de Covid-19. A ce jour, nous avons moins de compagnies qui fréquentent l’aéroport international de Gbessia compte tenu des restrictions et des nombres de passagers parce que pour venir dans un pays et atterrir sur le sol de ce pays, c’est basé sur des intérêts. Parce qu’aujourd’hui il y a des restrictions sanitaires et il y a des pays le carnet de validité de la Covid est de 3 jours, d’autres 72 heures et pour certains 48 heures. Tout dépend des pays de provenance et il y a certains pays jusqu’à présent il y a le confinement et on ne peut pas se permettre de voyager dans ces pays où il y a ces cas. J’insiste sur la dessus qu’au jour d’aujourd’hui, toutes les activités aériennes ou liées à l’arienne sont fortement touchées et quand on se réfère à l’année 2020, nous avons fermé notre l’aéroport pendant quatre mois, il nous a été même demandé par le Conseil d’administration de mettre le personnel en chômage technique, mais vu la situation sociale du pays, étant en Afrique vous pouvez voir un travailleur lui seul qui a 50 personnes à prendre en charge. Donc vu cela, on s’est dit on ne peut prendre des mesures allant de cette manière, on va faire en sorte de restreindre certains primes et heures supplémentaires. La SOGEAC a pu tenir pendant que l’aéroport était fermé sans activités au début de la crise sanitaire et quand on a ouvert, la reprise a été lente. A date, nous n’avons pas encore toutes les compagnies aériennes au total qui atterrissaient avant la venue de la pandémie. D’autres compagnies n’ont pas repris et il faut ajouter administrativement le nombre de personnel n’a pas diminué à part de ceux qui sont partis à la retraite, nous continuons à fonctionner sauf par rapport au décret de couvre-feu qui a été instauré à partir de 23h. Donc, nous sommes obligés de fermer l’aéroport et ouvrir à 5h du matin, c’est une manière de d’obéir à la décision prise par le gouvernement guinéen, mais cela ne nous arrange pas donc nous avons demandé au chef d’Etat-major du Haut commandement de nous laisser circuler au-delà de 23h pour permettre au personnel de quitter l’aéroport pour rallier leur domicile. Nous avons cet accord, ils ont nous délivré des laisser-passer », a-t-il laissé entendre M. Yombounaud.
Abordant la question de la structure de SOGEAC, il souligne : « Notre société est structurée comme suit : nous avons un directeur général, un directeur général adjoint et après nous avons des directions spécialisées telles que la direction des opérations, la direction d’exploitation, la direction administrative et financière, la direction d’audit interne, la direction technique et la direction sécurité et sûreté. Nous avons également des services directement rattachés à la direction générale qui sont les services de qualités et d’environnements pour veiller à notre qualité de service qu’on donne à nos clients, nous avons un service d’informatique très performant, un service d’achat et de logistique qui sont aussi rattachés à la direction générale ».
Evoquant les dispositions sanitaires prises, le DGA de la SOGEAC indique : « Nous avons un système de contrôle sanitaire aujourd’hui qui est plus performant comparativement aux aéroports européens. Nous avons acheté des machines de désinfections des personnes à l’arrivée comme au départ. Quiconque a l’accès à l’aéroport est désinfecté et il y a des documents à remplir qui passe par le contrôle sanitaire qui permet la traçabilité à l’arrivée, il y a des restrictions, on ne peut pas venir à Conakry sans test Covid valable et nous prenons les températures de deux manières à savoir : les termoflashs et les cameras qui prennent la température à distance. De ce fait, si vous venez à Conakry avant même d’être en contact avec les agents du contrôle sanitaire, nous avons déjà étudié la nature de votre température, on peut vous intercepter. Nous avons des locaux à l’arrivée comme au départ s’il y a des signes de Covid, vous êtes automatiquement mis à l’écart pour être conduit dans les centres indiqués. Même à Paris, nous n’avons pas vu cet appareil, la distanciation est respectée au niveau de l’embarquement, ça se fait par tranche. Par exemple, quand un avion atterri, il est subdivisé en classe, il y a business, économie, 1ère classe et autres, vous descendez par tranche, pas en même temps pour respecter la distanciation sociale et le port de masque dans la gare jusqu’à l’embarquement, on le porte même les chaises sur lesquels, nous avons mis croix pour ne pas que les gens soient côte à côte pour le moment, je vous rassure notre aéroport est à 100% sécurité ».
Parlant de ce que l’aéroport rapporte sur le plan économique et au niveau du développement pendant cette période de crise sanitaire, il argue : « C’est une évidence quand vos fréquentations d’avions sont moins, forcément vous aurez moins de recettes. Nous sommes une société mixte qui va bientôt migrer sous une autre forme de société, nous avons un nouveau partenaire, mais ce qui reste clair, contrairement en 2019, les recettes on diminuer parce que nous ne nous gagnons de recettes que si une compagnie atterrit ou décolle et le nombre de passagers au départ. Ici nous ne traitions que des avions donc, nous nos recettes sont basées sur la fréquentation et à ce jour il n’est pas évident. On n’a pas encore atteint le nombre exact d’avions qui venait avant la pandémie. Nous sommes en train d’évoluer crescendo. Peut-être d’ici la fin de l’année, nous espérons avoir toutes les autres compagnies qu’on avait en 2019, on espère bien si la pandémie commence à disparaître. Pour votre information, nous payons à l’Etat des redevances fixes, variables et des dividendes, c’est-à-dire selon les gains qu’on a annuellement à l’exception des impôts que toutes les sociétés sont habilitées à payer et cela peu importe la situation de la trésorerie. On paie, nous sommes obligés de payer même si nous pouvons demander un décalage et nous rapportons beaucoup à l’Etat à tout moment, nous sommes la société qui est en règle chaque fois ».
Le directeur adjoint a profité pour rappeler leur mission principale en matière d’aéronautique au sein de l’aéroport jusqu’où l’avion cesse d’être sous le contrôle de la SOGEAC. « Un avion est à notre compte tant qu’il est sur la piste, il est sous notre responsabilité, mais la navigation aérienne relève de l’ANA, il ne relève pas de la SOGEAC. Notre mission, c’est de s’occuper de l’avion sur le sol, des passagers après, il rentre en contact avec la navigation aérienne qui l’indique pour le décollage », explique-t-il.
Évoquant le nombre exact de compagnies qui atterrissent sur le tarmac guinéen, Abdel Kader Yombounaud cite 12 compagnies. « Nous avons Air France, Air Cote D’ivoire, la TAP a repris SM Brussels qui a arrêté définitivement, Ethiopian qui vient tout le temps, il y a la RAM qui avait arrêté, mais qui a repris aussi. Mais la fréquence a diminué, c’est-à-dire le taux de remplissage de l’avion parce qu’avant la maladie, on était pratiquement à 600 000 passagers par mois, mais lorsque cette pandémie est venue, on pouvait avoir jusqu’à 150 passagers au début par mois, maintenant le nombre a changé, nous arrivons à faire 260 par mois », nous a fait comprendre le DGA.
Pour ce qui est de doter la Guinée d’une compagnie, le DGA de la SOGEAC rassure que le ministère des Transports est en train de travailler d’arrache-pied pour corriger cela. Bien que cela entraîne des conséquences à l’interne et au niveau de nos sous-régions. « Nous n’avons pas de compagnie, cela peut jouer sur nous à l’interne par rapport au déplacement vers l’intérieur du pays, mais je peux rassurer que le ministre est en train de travailler sur ça pour en finir avec ce souci et c’est pour très bientôt. Je fais partie de ce département, il y a des réunions qui ont été effectuées à propos et les aéroports régionaux sont en voies de réhabilitation aussi, mais il faut dire quant à la fréquentation de la sous-région, ce manque de vol nous pose assez d’ennuis. Par exemple pour aller en Sierra Leone ou au Liberia, il faut aller en voiture », a–t-il déploré.
Saraf Dine Condé