Conakry-Guinée : Le gouvernement guinéen, à travers son Premier Ministre, Mohamed Béavogui, a lancé à grande pompe le lundi 11 avril, dans la zone spéciale de Conakry les assises nationales. Au lendemain de ce qui devait être une exclusivité pour une sortie heureuse et apaisée de la transition à laquelle le pays traverse, la Coalition Nationale des Acteurs pour la Paix et le Développement a émis un doute sur sa réussite.
Interrogé, son président, Ibrahima Aminata Diallo, a dégagé ses préoccupations. Pour lui, aucun mécanisme de dialogue concret n’a été établi par le gouvernement afin de permettre aux acteurs concernés de se déterminer. Plus loin, il dénonce la mise à l’écart dans ce processus des acteurs majeurs qui auparavant avaient fait des propositions au ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. « Vous ne pouvez pas faire une assise nationale au même moment où il y a des victimes sans proposer un mécanisme de dialogue. Et ce mécanisme-là, qui et qui doivent parler ?« , s’interroge l’ancien Président de la Plateforme des Jeunes Leaders de l’Axe pour la Démocratie et le Développement.
Et de poursuivre : »Il y a eu des victimes, des crimes de sang, des crimes financiers dans le pays. Est-ce que faut-il identifier les bourreaux et les victimes ? Est-ce qu’il faut tenir compte de l’association des victimes qui sont créées dans ces différents régimes et les intégrés ? On a proposé tout cela et si toutefois ils (Membres du CNRD ndlr) ne tiennent pas compte de ces aspects et le mécanisme de justice parce qu’on ne peut pas dire seulement Justice-Pardon et Renonciation. Donc, journée de pardon, il faut d’abord »vérité et pardon », mais il faut la justice. Mais cette justice, on a dit que la justice classique que nous connaissons est lourde. Alors, mieux vaut faire une justice transitionnelle à l’image de l’Afrique du Sud. Parce qu’en Guinée, ce n’est pas le plus souvent entre les citoyens, mais entre l’Etat qui réprime son peuple dans le sang quand il revendique à travers les manifestations. Et c’est l’Etat qui a toujours réprimé en Guinée son peuple dans le sang. Qui doit demander pardon ? Les bourreaux, on les connaît car ils sont du côté de l’Etat. Voilà, entre autres notre préoccupation. Il faut un dialogue sincère et inclusif sans quoi ces assises vont être juste une mise en scène après la fin des assises, on demandera qui a parlé à qui et au nom de quoi ?« , estime-t-il.
Ibrahima Aminata Diallo dénonce par ce fait la non-association des acteurs sociaux majeurs dans ces assises.
Moïse Rama Fils