Beaucoup accusent le régime d’Ibrahim Traoré de punir certaines figures en les envoyant au front : après des acteurs de la société civile, des politiques et des journalistes, c’est désormais au corps judiciaire. Au moins cinq magistrats ont reçu un ordre de réquisition pour servir l’armée au front contre les groupes armés, a pu confirmer RFi mardi 13 août. Parmi ceux-ci,Abdoul Gafarou Nacro, substitut du procureur à Bobo-Dioulasso.
L’ordre de réquisition visant Abdoul Gafarou Nacro, substitut du procureur à Bobo-Dioulasso, est daté du 9 juillet, mais n’a été rendu publique que lundi 12 août au soir. Il est instruit au magistrat de se présenter ce mercredi afin d’être mobilisé au front pour une période renouvelable de trois mois. Le document que RFI a pu consulter indique qu’il sera détaché au groupement des forces de sécurité du nord, à Kaya. Il s’agit d’une missive du colonel Moussa Diallo, commandant des opérations du théâtre national.
Selon les informations de RFI, quatre autres magistrats sont concernés par ces confiscations de libertés pour avoir « posé des actes qui n’ont pas plu aux autorités ».
Le 11 juillet dernier, le capitaine Ibrahima Traoré à la tête du pays, avait annoncé sa volonté de mettre au pas la justice, sous couvert de lutte contre la corruption. C’était durant son discours de politique générale, où il confirmait sa volonté de rester au pouvoir pour les cinq prochaines années.
Les décisions contraires à son régime sont surtout évoquées. Depuis la prise de pouvoir d’Ibrahim Traoré, les syndicats de la magistrature se sont opposés à plusieurs reprises aux injonctions du régime, dénonçant plusieurs dérives autoritaires contraires au droit. Pour façonner la justice, le capitaine Ibrahim Traoré a de son côté annoncé la relecture du Code pénal.
RFI.fr