Conakry-Guinée : La crise sociopolitique guinéenne dépasse désormais nos frontières. Depuis un certain temps, elle attire l’attention de plusieurs élus locaux occidentaux. C’est le cas du député français Sébastien Nadot (LREM). En interpellant le récemment le ministre des Affaires étrangères français SEM Jean Yves Ledrian, l’honorable Nadot s’inquiète sérieusement de la situation postélectorale guinéenne.
Contrairement au Président Alpha Condé, le Président français, Emmanuel Macron, a félicité son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, pour sa réélection le 31 octobre dernier. La position de la France sur la situation de la Guinée n’est toujours pas claire quelques jours après la réélection du Président Alpha Condé.
Invité ce matin 18 novembre dans l’émission les Grandes gueules de nos confrères d’Espace FM, l’historien, écrivain et député LREM (2017-2018), Sébastien Nadot, a mis en lumière son point de vue sur la situation de la Guinée post-électorale. Jouant son rôle de parlementaire, l’honorable Sébastien Nadot n’est nullement satisfait de l’attitude de son pays à l’égard du pouvoir de Conakry. « En tant que députe, moi je me dois de contrôler l’action de mon gouvernement français, de regarder au niveau des affaires étrangères, ce qu’il produit de bon, de moins bon et en occurrence concernant la Guinée. Il y a une élection présidentielle dans un contexte extrêmement difficile. Puisqu’il y a eu des morts de manifestants, il y a une opposition qui ne reconnait pas la situation telle qu’elle a été entérinée par la Commission électorale. Par ailleurs, je m’étonne grandement puisque le Quai d’Orsay (Ministère des Affaires étrangères français) ou la France n’a prononcé aucun mot. Rien à l’égard des Guinéens et leur situation extrêmement fragile et douloureuse. Rien n’a été dit sur le résultat de l’élection. Il y a l’Union Européenne (UE), juste après le scrutin qui avait des doutes, effectivement de la manière dont les résultats avaient été remontés. Donc, finalement des doutes sur la sincérité du scrutin et puis les résultats avaient été entérinés par la Commission électorale guinéenne et la France n’a toujours pas pris la moindre position. Ce qui me parait particulièrement grave dans un pays où on voit bien qu’il y a fort risque de dérives par rapport à cette situation », a interpellé le député français.
En pointant du doigt sur le silence des autorités françaises, les observateurs guinéens estiment que c’est un silence coupable de la France vis-à-vis de la situation guinéenne. Le député Sébastien Nadot admet : « Oui ! C’est un silence coupable, archi coupable. Je vais juste prendre une dizaine de seconde pour vous citer le discours du président Emmanuel Macron en 2017 à l’Université de Ouagadougou. Il disait : « Je suis d’une génération où on ne vient pas dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire, quelles sont les règles de l’état de droit ? Partout, on encouragera (France) celles et ceux qui veulent prendre leur responsabilité en Afrique, qui veulent faire souffler le vent de la liberté et de l’émancipation ». Comme vous l’avez fait ici, bref il y a un message du Président de la République à destination des 54 pays du continent africain en 2017 qui dit clairement que la France encouragera la démocratie, encouragera le processus transparent démocratique. En Guinée, cela fait clairement défaut, la France ne dit rien. Donc, c’est un silence coupable et extrêmement grave parce qu’on voit à travers les arrestations des membres de l’opposition, maintenant l’élection présidentielle est passée, on bascule dans quelque chose en Guinée qui n’est pas du tout sur le chemin d’une démocratie ».
Evoquant la position à adopter par la France à l’égard du régime guinéen, l’honorable Nadot estime : « Il faudrait que la France mette un avertissement clair et net d’abord en disant que ce scrutin est entassé d’un certain nombre de problèmes. Donc, le Président de la République actuel doit faire extrêmement attention dans la manière dont il mène le pays au lendemain de ce scrutin. Particulièrement, cette répression évidente aux yeux de tous, de l’opposition, c’est exactement le contraire que le Président de la république devrait faire dans une situation comme celle-là. La Guinée est un pays ami avec qui on veut avancer sur la voie de la démocratie. La France devrait mettre un avertissement à la Guinée », a conclu Sébastien Nadot.
Amara Touré