Conakry-Guinée : Le Président de l’Union de Forces Républicaines, Sydia Touré, a regagné Conakry ce samedi 11 septembre dans l’après-midi après un long séjour en Côte d’Ivoire. Si l’avènement du CNRD serait la cause pour certains, mais l’ancien Haut représentant du Président déchu Alpha Condé motive ce retour par le fait d’être en communion avec ses militants et sympathisants en cette période exceptionnelle que traverse la Guinée.
Dans son discours devant des militants venus massivement l’accueillir dans les jardins de son domicile privé situé à la minière dans la commune de Dixinn, Sydia Touré a dit prendre acte du putsch contre l’ancien locataire du Palais Sékhoutoureyah. Nous vous livrons l’intégralité de ce discours :
Depuis le 5 septembre 2021, la Guinée est encore face à son destin, à la suite du renversement du régime en place par un groupe de militaires. Tout républicain et tout démocrate ne peut que regretter que cela se soit passe ainsi.
Néanmoins les événements du 5 septembre nous interpellent nous tous, acteurs politiques ou non, car l’avenir de notre pays, la Guinée, est en jeu. C’est un lieu commun que de dire que l’ancien régime qui a instauré la mauvaise gouvernance, fait de la corruption et de la gabegie un mode de gestion, érigé l’exclusion en règle pour favoriser une caste de privilégies, ancrées les conditions de sa chute inexorable. En agissant ainsi il a conduit le pays au bord du chaos et ce bilan médiocre, dans tous les domaines, parle de lui-même. Une décennie perdue !
Les événements du 5 septembre 2021, en dehors des condamnations de principe, fort compréhensibles, interrogent nos pratiques dans le respect des lois qui nous régissent et dans l’inscription des droits humains au titre des normes sacrées. Ils nous interpellent sur nos relations entre nous et sur nos rapports avec les autres pays.
Comme je l’ai toujours soutenu, les divisions ne sauraient prospérer chez nous. Comme nous l’avons vu, au cours de la décennie perdue, le clanisme n’a pas de lendemain heureux dans un pays qui a besoin d’un sursaut national pour relever les défis de la pauvreté à la dimension des potentialités extraordinaires dont regorgent son sol et son sous-sol. De même, les compétences du Guinéen sont reconnues et recherchées partout aussi bien à l’intérieur qu’au sein de la diaspora. Pourtant, nous restons parmi les pays les plus pauvres du monde. Tel est notre paradoxe car nous n’avons pas réussi l’adéquation entre nos possibilités et nos réalités. Les Guinéens sont fatigués, dit-on, à juste titre.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes à la croisée des chemins et nous devons répondre clairement aux questions sur la place à accorder à la dignité humaine face aux nombreuses victimes (auxquelles il faut rendre hommage) et les prisonniers d’opinion qui sont encore détenus. Il faut les libérer tout comme il est important de veiller à l’intégrité physique et aux droits humains de l’ancien Président, même s’il s’est évertué à piétiner, pendant plus d’une décennie, ceux de ses compatriotes.
Dans cette perspective, je prends acte des signes et des annonces allant dans le sens de l’apaisement et de la dignité retrouvée. A la phase actuelle de notre histoire, nous devons travailler ensemble à un relèvement collectif car il ne saurait y avoir de réussite individuelle au moment où la Guinée, notre cher pays, fait face à son destin. Personne ne devrait être laissé en dehors du processus de développement.
En tant que Président de l’Union des Forces Républicaines et en tant qu’ancien Premier ministre, ayant servi notre pays avec la force de toutes mes convictions, j’appelle tous les Guinéens à resserrer les rangs, au-delà des régions, des religions, des communautés et des appartenances politiques. Rien ne peut se faire dans l’exclusion. C’est le chemin de l’unité qu’il nous faut emprunter ici et maintenant car il n’y a pas d’autre option.
Dans ce sens, j’appelle vivement tous les leaders politiques, toutes tendances confondues, à faire preuve d’esprit de responsabilité en se hissant au-dessus des considérations partisanes, religieuses, régionalistes ou communautaristes.
Pour ma part, je renouvelle mon engagement patriotique à mettre mon expérience d’homme d’Etat, mon amour de la Guinée ainsi que mes contacts en Afrique et dans le monde au service de l’intérêt général pour une gouvernance vertueuse, dans un pays en paix avec lui-même, avec ses voisins et avec ses partenaires internationaux.
C’est un pacte qu’il faut sceller entre nous pour que les générations montantes aient un legs qui les rendra fiers de leurs devanciers que nous sommes. Le génie guinéen est capable de retrouvailles, de dépassement conforme au destin de notre peuple.
En ces moments cruciaux, la Guinée, notre bien commun, n’est pas seule et ne sera jamais abandonnée par le reste du monde dans cette zone de tempêtes. En plus de ses filles et ses fils, installés ici ou ailleurs, elle peut compter sur ses partenaires et amis. Unis, nous serons plus forts. Unis, nous vaincrons en relevant tous les défis. Que Dieu Bénisse la Guinée. Je vous remercie.
Moïse Rama Fils