samedi, mai 11, 2024

Acquisition de deux blocs du Simandou par BSGR : La Guinée enquête

Article traduit de Financial Times – C’était, selon les mots d’un vétéran de l’industrie minière africaine, « le gros lot ». En avril 2010, le conglomérat d’un milliardaire israélien qui a fait fortune en Afrique dans le commerce de diamants, a conclu un accord pour céder, pour un montant de 2,5 milliards de dollars USD, 51% de ses intérêts miniers en Guinée.

Une belle affaire pour Benny Steinmetz que cette vente (de ses actions en Guinée) au brésilien Vale, la plus grande compagnie minière au monde dans le secteur du fer. Sa compagnie avait dépensé à peine 160 millions de dollars USD pour l’acquisition des droits d’extraction de la moitié du Simandou, une montagne au cœur de la forêt tropicale regorgeant de minerai de fer.
A présent, cependant, les perspectives du groupe dans cette nation ouest-africaine abritant des ressources naturelles convoitées à travers le monde, sont menacées. La Guinée a en effet relancé un bras de fer portant sur plusieurs milliards de dollars perdus par son trésor public, en décidant d’examiner les contrats miniers passés sous les anciennes dictatures.

Le Financial Times a appris qu’un comité mandaté par le gouvernement a déclenché une enquête pour corruption et exige des réponses sur la façon dont Beny Steinmetz Group Resources a obtenu en 2008 les droits sur la moitié du Simandou qui avait été retiré un an plus tôt à la compagnie anglo-australienne, Rio Tinto.

Le comité, qui est soutenu par l’investisseur milliardaire et philanthrope Georges Soros, a écrit cette semaine à la joint-venture entre BSGR et Vale, énumérant un catalogue d’allégations de corruption relatives à l’acquisition par BSGR des intérêts dans le Simandou ainsi qu’un petit gisement à proximité.

Les enquêteurs du gouvernement ont recueilli des témoignages d’anciens associés de BSGR, les consultants et les financiers qui ont évoqué des histoires de cadeaux de luxe et des paiements aux parents de Lansana Conté, dont les 24 ans de dictature ne se sont achevés qu’à sa mort en fin 2008, et certains représentants du gouvernement et barons du régime.
Les allégations font état d’un diamant incrusté d’or offert, une voiture offerte à un ministre du gouvernement, a appris le FT.

BSGR a déclaré que le modèle a été remis au ministère des mines, par un individu, dans une cérémonie publique a une valeur compris entre 1000 à 2000 dollars USD.

L’entreprise affirme que l’enquête est motivée par des détracteurs politiques et des rivaux au sein de l’industrie minière. « C’est le dernier acte d’une campagne en cours, orchestrée pour saper la position de BSGR en Guinée afin de permettre de saisir nos actifs dans le but de les revendre à des parties intéressées », a-t-elle dit.

Autres allégations, un représentant de BSGR aurait offert une montre en or orné de diamants au président Conté et que l’entreprise aurait accepté de verser à la quatrième épouse du président une commission équivalant à 2,5 millions de dollars USD pour aider le groupe à sécuriser ses droits miniers en Guinée.

BSGR a dit qu’il n’était pas au courant d’un cadeau constitué d’une montre en or. L’entreprise a nié que le groupe n’avait jamais fait un tel paiement à la quatrième épouse de Conté. « Nous n’avons jamais effectué de tels paiements », a-t-elle déclaré.

La révision de contrats miniers met en évidence les difficultés que rencontrent les pays pauvres riches en ressources naturelles, dont les institutions ont d’avantage contribué à des conflits et à la corruption qu’à des gains économiques.

L’examen de BSGR intervient au moment où les ressources de la Guinée font l’objet d’un vif intérêt, celles là même qui sont décrites par un dirigeant d’industrie comme « fabuleuses, et n’ayant pas d’égal dans le monde », avec en orbite des compagnies de Chine, du Brésil, d’Afrique et d’Europe.

BSGR et Vale ont 60 jours pour répondre aux allégations, après quoi il sera question de la récupération des droits, apportant une autre tournure au bras de fer pour contrôler les richesses de la montagne dans les 20 prochaines années. Le comité a déclaré à la joint-venture qu’il n’entreprendrait aucune action supplémentaire avant d’avoir reçu les réponses demandées.
« Comme toujours, BSGR maintien qu’il innocent de toute faute et qu’il utilisera tous les moyens légaux pour protéger sa position en Guinée », a déclaré le groupe, qui est géré pour le compte de la famille Steinmetz.

Vale, qui a déclaré le mois dernier qu’il avait mis en veilleuse le projet Simandou, a refusé de commenter les allégations, mais a déclaré qu’il « mène ses actions avec une diligence raisonnable avant tout investissement ».

L’examen des contrats miniers est présenté comme une chance pour la Guinée de rompre avec des décennies d’oppression et de corruption présumée. C’est un test pour Alpha Condé, l’ancien vétéran de l’opposition élu président en décembre 2010, et ses deux conseillers les plus en vue, M. Soros et Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique.

Paul Collier, spécialiste du développement de l’école d’Oxford Blavatnik qui conseille le gouvernement guinéen, a déclaré : « il ne serait pas seulement irresponsable de la part du gouvernement de Guinée de ne pas examiner cet héritage de contrats conclus avec des régimes corrompus – il serait complice. Il n’a pas d’autre choix que de revoir en profondeur et sérieux ».

Mais les opposants au projet prétendent que le gouvernement Condé cherche à libérer les droits miniers au profit d’alliés et utilise cet examen des contrats pour exiger des paiement additionnels de la part de leurs détenteurs actuels.

Mahmoud Thiam, ministre des mines sous le régime militaire qui géré le pays en 2009-2010, a déclaré au FT que l’économie guinéenne a souffert à cause de l’enquête commandité par le gouvernement.

M. Thiam, qui a lui-même fait face à des questions relatives à l’acceptation et à la facilitation des paiements et autres avantages destinés à s’attirer ses faveurs, a déclaré : « A la fin de 2012, (ces projets) auraient déjà été en phase d’exportation. Mais tout a été bloqué à cause de cette chasse aux sorcières ».

« Chaque accord que nous avons fait a été soigneusement conçu en conformité avec le Code minier », a-t-il ajouté.

Simandou est largement reconnu dans l’industrie comme l’un des meilleurs gisements fer du monde non encore exploité. Son minerai est tellement riche en fer que les experts affirment qu’il faut à peine la transformer, mais sa situation difficile, à environ 700 km de la côte guinéenne, signifie qu’il faut au moins 10 milliards de dollars pour l’exploiter.

Rio Tinto a acquis les droits sur la concession entière dans les années 1990 sous la dictature Conté. La santé déclinante de l’autocrate a eu raison de lui en 2008 et le gouvernement a dépouillé Rio – qui était selon lui en retard sur son calendrier de développement -, de la moitié de ses droits à Simandou. Ces droits ont été rapidement accordés à BSGR, quelques jours avant la mort de Conté.

Cependant, l’année dernière Rio a payé 700 millions de dollars au gouvernement actuel pour « la résolution de toutes les questions en suspens », sur sa moitié conservée dans le Simandou.
La société a déclaré au FT que cet accord « exempte Rio Tinto de tout autre changement dans le cadre du réexamen en cours du code minier ou de toute révision future ».

Le comité chargé de l’examen des contrats s’est interrogé cette semaine si BSGR a jamais eu l’intention d’exploiter sa moitié de Simandou. Il a demandé BSGR et Vale sur les accusations affirmant que le groupe a tout simplement voulu acquérir les droits afin de les revendre, une pratique connue dans commerce sous le terme « flipping ».

BSGR rejette fermement ces allégations, en notant qu’il n’a reçu à ce jour que 500 millions de dollars de la transaction avec Vale. « Ce projet est important pour nous », a déclaré la compagnie. « Il ne s’agit pas d’une chiquenaude à court terme, il s’agit d’un engagement à long terme ». FIN

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