Sory Kandia Kouyaté est sans aucun doute celui qui aura permis à la musique mandingue de toucher les coeurs, au-delà des cultures.
Le temps passe, mais on est toujours pris aux tripes par la voix de Sory Kandia Kouyaté. Médaillé d’or au Festival international des folklores en Italie, en 1964, médaillé d’honneur du Festival panafricain d’Alger en 1969, Grand Prix de l’académie Charles-Cros en 1970… Le chanteur guinéen est sans aucun doute celui qui aura permis à la musique mandingue de toucher les coeurs, au-delà des cultures. Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de djéli, Kouyaté a appris les arts du verbe et du ngoni, luth traditionnel.
Il a aussi appris tous les contes et légendes, tous les mythes fondateurs des royaumes du Mandé, de Soundiata Keïta l’empereur infirme, à Sadio, la fille à l’hippopotame. Son prestige, cependant, il l’a tiré de l’outil dont il se sert le mieux : sa voix. Claire, forte, parfaitement maîtrisée. Et aussi de sa capacité à moderniser les chants anciens. Son style a séduit de Bamako à New York, de Helsinki à Jakarta. Et à Conakry bien sûr, qui, en 1958, célèbre dans la liesse populaire l’indépendance « arrachée » à la France par Sékou Touré. Sory Kandia Kouyaté est-il conscient d’avoir été un instrument de propagande au service du régime de Touré ?
Surnommé la Voix de la révolution à la fin des années 1950, le chanteur est de toutes les cérémonies, de tous les galas, à promouvoir le panafricanisme… et la clairvoyance du président guinéen. Ce dernier a vite compris à quel point le talent du jeune homme pouvait lui servir. Dès 1960, il lui confie la direction de l’Ensemble instrumental et choral de la radiodiffusion nationale de Guinée, puis, quatre ans plus tard, le nomme directeur adjoint du Ballet national Djoliba.
La trajectoire de Sory Kandia Kouyaté s’est brutalement interrompue le 25 décembre 1977. Il meurt foudroyé par ce qui semble être une crise cardiaque. À l’âge de 44 ans seulement. Le double CD La Voix de la révolution est l’occasion de retrouver toutes les chansons qui ont fait sa renommée. Et où tradition et modernisme se mêlent pour le plus grand plaisir de ceux qui l’écoutent.
Lire l’article sur Jeuneafrique.com