La contraception est depuis une dizaine d’années très pratiquée par les jeunes filles bien que interdites dans maintes familles à cause du tabou que revêt le sexe dans nos traditions. La sexualité appartenant au domaine de l’intimité, les adolescents n’ont évidemment pas envie que leurs parents s’y intéressent de trop. Des filles dont l’âge varie de 17 à 25 ans se préoccupent de leur santé sexuelle. Elles sont nombreuses à envahir les hôpitaux et ce, dans la plus grande clandestinité. Parce qu’il est impossible et même difficile de parler de problème de sexualité dans les familles et devant les enfants. Un tabou.
C’est toujours une question délicate pour les parents en général et de certaines mamans en particulier de discuter des questions de sexualité avec leur fille. Elle avait toujours des difficultés sur comment lancer la discussion entre elle et sa fille sur la question de contraception, de façon à la sensibiliser sans la gêner.
Parce qu’en Guinée les mariages précoces sont très fréquents surtout en milieu rural, et généralement l’âge des filles varie entre 15 ans et 17 ans. Ces jeunes mariées ne connaissent même pas le préservatif à plus forte raison la contraception.
Interrogée sur la question de préservatifs ou encore la contraception, Mademoiselle Camara dans la ville de Coyah témoigne que « les préservatifs ou contraception n’est pas une bonne pratique. Moi je pense que la seule manière de se conserver ou d’éviter les grossesses non désirées c’est de s’abstenir, rester fidèle et se garder jusqu’au mariage ».
Une autre fille interrogée sur la même question mais qui a préféré garder l’anonymat affirme que « l’idée de préservatif ou quoi est une mauvaise idée que les gens sont entrain de mettre dans la tête des jeunes filles. La seule façon d’éviter les problèmes de grossesse ou de maladie c’est de rester tranquille et de s’abstenir. »
Poursuivant, elle insiste que « L’abstinence est la meilleure forme de prévenir les problèmes. Tout le reste, c’est une manière de gagner de l’argent parce que ce sont des produits faits et pour être vendus ».
En milieu urbain c’est-à-dire dans les grandes villes, l’idée est tout autre. Ici l’idée est partagée bien que la pratique n’est pas officielle, pour la simple raison que les jeunes filles (certaines) se cachent de leur parents pour se planifier parce que ne voulant pas faire comprendre à ces derniers leur début de la pratique sexuelle.
Beaucoup de filles interrogées à Conakry estiment que « utiliser les contraceptifs est une bonne pratique qui permet pour les jeunes filles célibataires d’éviter les grossesses non désirées et chez les femmes mariées, une façon d’espacer les naissances donc un planning familial. Celles qui utilisent les contraceptifs pour éviter les grossesses sont généralement non mariées et craignent de se retrouver devant le fait accompli. Les plus utilisées des méthodes de contraceptions sont la Disposition Intra Utérine (DIU) et les progestatifs injectables qui sont forcément soumis à des prises chaque 3 mois.
Aussi intriguant qu’il soit dans l’utilisation des contraceptifs en Guinée, tout se passe dans la plus grande clandestinité et personne n’en parle. Un médecin généraliste déballe son quotidien.
« Je reçois des filles qui parfois sont à leurs premières expériences sexuelles et par amour ou par crainte de leur partenaires, viennent me voir pour des contraceptifs. Je ne suis pourtant pas gynécologue mais il faut fermer les yeux. Je leur recommande les spécialistes mais vu le mystère qui y tourne, elles ne voudront jamais se livrer à n’importe quel médecin ».
Pour Fatoumata , Etudiante en licence Economie Finance, elle trouve cette méthode risquée et banale. Selon elle, il faut maîtriser son cycle menstruel même si beaucoup se plaignent de ne pas connaître bien leur cycle.
A l’en croire, « à défaut de maitriser son cycle menstruel, la méthode d’abstinence est encore meilleure. S’abstenir permet à la femme non seulement d’éviter les grossesses non désirées mais aussi ça permet de se protéger contre les maladies infectieuses. Donc pour moi la meilleure méthode de contraception c’est l’abstinence ».
Joséphine approuve quant à elle la méthode moderne de contraception et reconnait l’aide qu’apporte les contraceptifs sur la vie sexuelle des filles guinéennes, pour la simple raison qu’il y a maintenant peu de grossesse non désirée.
Aucune statistique n’est disponible sur les adolescents parce qu’en Guinée l’idée de la contraception n’est pas discutée au niveau de cette couche. Officiellement, elle n’est pas tellement développée dans le pays. Selon un médecin gynécologue sous anonymat, les estimations courent entre de 78 et 84% de filles craignant de se prononcer à visage découvert.
KADIATOU THIERNO DIALLO