Abattre par surprise un soldat en faction devant un monument, renverser en voiture des militaires au bord d’une route : les deux Canadiens passés à l’action cette semaine ont appliqué à la lettre les consignes d’al-Qaida et, maintenant, du groupe État islamique. Depuis plusieurs années, le mouvement fondé par Oussama Ben Laden exhorte, à longueur d’articles ou de vidéo sur Internet, ses recrues et ses volontaires à passer à l’action sans attendre, sans ordres précis, sans organisation pour les entraîner ou les soutenir, glorifiant à l’avance ces « héros du djihad individuel ».
Avant l’ouverture du front syrien, il était devenu difficile et dangereux de rejoindre une « terre de djihad », où les infrastructures des organisations radicales, prises pour cibles par les drones américains, peinaient à accueillir les volontaires venus du monde entier. Dès l’automne 2010, dans le magazine djihadiste en anglais Inspire qu’il publie depuis le Yémen, le converti américain Adam Gadahn (dit « Azzam l’Américain ») évoquait « les devoirs du djihad individuel ». Un peu plus tard, dans une vidéo intitulée « Vous n’êtes responsables que de vous-mêmes », il lançait : « Les musulmans en Occident doivent savoir qu’ils sont parfaitement positionnés pour jouer un rôle décisif dans le djihad contre les sionistes et les croisés. Alors, qu’attendez-vous ? »