Dansa Kourouma est président de l’une des plus vieilles plateformes de la société civile guinéenne, le CNOSCG (Conseil national des organisations de la société civile guinéenne). En marge des travaux de la 7 ème Assemblée générale du Projeg qui se tient à Kindia du 15 au 17 avril, nous l’avons rencontré pour comprendre ce qui pourrait être le rôle de la société civile dans la résolution de ce différend entre le pouvoir et l’opposition.
GuinéeTime : Le pays souffle le chaud et le froid avec la crise politique. Que faites-vous en tant qu’acteur de la société civile?
Dansa Kourouma : Dès que nous avons compris que la situation politique était entrain de se détériorer, nous avons organisé une petite retraite dans une ambassade de la place avec toutes les plateformes de la société civile. Ceci, pour la mise en place d’un cadre d’échanges et de réflexion qui doit déboucher vers des propositions de sortie de crise. Ce cadre, nous l’avons appelé « Synergie de la société civile pour la paix ». Nous avions organisé par la suite un tour chez les principaux leaders de la classe politique de l’opposition républicaine et de la mouvance présidentielle. Ainsi que certaines autorités de la place. Des leçons ont été tirées et une commission de synthèse a été mise en place.
Les différents éléments collectés seront analysés par des acteurs identifiés au sein de la société civile. Il s’agit d’un juriste constitutionnaliste et d’un expert en processus électoral qui vont travailler avec la commission technique pour sortir une feuille de route. Celle-ci sera présentée à la classe politique lors d’une rencontre que nous allons organiser et qu’on va appeler « Rencontre de haut niveau avec des acteurs du processus électoral ».
Je crois que l’appel au dialogue lancé par le gouvernement et la suspension par l’opposition des manifestations de rue sont des ingrédients fertiles pour la société civile d’emmener les protagonistes vers un débat apaisé autour d’un dialogue structuré.
Mais nous attachons un prix très fort à l’application des recommandations de ce dialogue politique. Là où le bât blesse, nous sommes amples et prompts à signer des accords mais le plus souvent,leur applicabilité pose problème. C’est une façon de défier ou dévier la loi.
La société civile va veiller aux grains, veiller à ce que la loi ne soit pas émiettée dans son intégrité. Aller aux élections est nécessaire mais il faut aller à une élection dont les résultats peuvent être acceptés par les parties; une élection dont la suite peut constituer le début du décollage économique du pays.
La société civile s’invite cette fois dans le dialogue comme caution morale. Lorsque les accords politiques de Juillet 2013 se paraphaient, les acteurs politiques ont demandé à la société civile d’être à l’écart. Aujourd’hui on nous demande d’intervenir alors qu’on n’a pas été associé à a signature de cet accord.
Pour éviter cette fois que nous soyons des témoins sans fait,nous voulons participer en qualité d’observateur dans le dialogue politique et mettre en place un cadre de suivi des résolutions.
Quelles seront vos propositions?
Je ne vous donnerais pas les conclusions de la commission qui travaille. Mais il y a un préalable inévitable : que les parties arrêtent l’apologie de la violence; qu’ils se retrouvent autour de la table, avec une facilitation nationale ou internationale, peu importe. L’essentiel est que nous sachions que le dialogue est l’oxygène de la démocratie.
La deuxième chose importante que nous signalons, quelque soit l’issue de ce dialogue, il faut que les parties s’engagent à la respecter. Et qu’on ne se mette pas en tête qu’on vient pour gagner ou perdre..On vient pour créer des conditions minimales que les élections -prochaines- soient transparentes et crédibles, dans un contexte apaisé.
Si tout le monde est d’accord sur ce cadrage macroscopique, je crois que les résolutions du dialogue politique vont être un indicateur essentiel pour que la Guinée renoue avec la stabilité politique et institutionnelle.
Propos recueillis par Amadou Touré