vendredi, avril 26, 2024

Guinée : le ministre de la Pêche, Jean René Camara parle de ses perspectives

Jean-René-Camara-e1435705127292Ministre Jean-ReneTrois mois après sa prise de fonction, le nouveau ministre de la Pêche, Jean René Camara, parle du repos biologique maritime, de la pêche illicite, de la sanction de l’UE et de ses perspectives. Lisez l’interview.

 

Monsieur le Ministre, il y a à peine trois mois, vous arriviez à la tête du Ministère de la Pêche et de l’Aquaculture et déjà, on vous voit souvent sur le terrain. Est-ce un style de travail ou alors à cause de l’ampleur des tâches que vous y avez trouvé ?

Je commencerais par vous féliciter pour le bon travail de communication gouvernementale de votre Cellule. Je vous remercie à la fois pour l’intérêt que votre publication porte au secteur de la pêche et de l’aquaculture en Guinée et pour l’occasion que vous me donnez de m’exprimer à travers les colonnes du Bulletin d’informations du Gouvernement qui, pour moi, est un excellent outil de travail.

Je voudrais saisir cette opportunité pour renouveler au Président de la République, le Professeur Alpha CONDE et à son Premier Ministre, Mohamed Saïd FOFANA, ma profonde reconnaissance pour la confiance qu’ils ont placée en moi en m’appelant à la tête d’un Département important pour notre économie comme le Ministère de la Pêche et de l’Aquaculture. Le défi pour moi, c’est de ne pas trahir cette confiance.

Pour répondre à votre question, je dirais les deux à la fois. Géographe de formation d’abord avant d’entamer une formation spécialisée de Démographe/statisticien, ma vocation naturelle est l’action. Celle-ci ne peut pas contenir dans les limites des quatre murs d’un bureau et c’est pourquoi, j’aime être sur le terrain parce que c’est là que s’exerce l’activité de nos communautés de pêcheurs pour lesquelles nous travaillons. La réalité sociale et économique se sent et se vit sur le terrain au contact des populations ; cette réalité-là ne ment pas ; c’est elle qui inspire et qui guide.

Je reconnais aussi que le secteur de la pêche est complexe et qu’il recèle des problèmes extrêmement importants pour le devenir de l’ensemble des acteurs qui y interviennent. Que ce soit alors des acteurs étatiques ou non étatiques ou encore des acteurs de la coopération extérieure. Par exemple, vous n’ignorez pas que notre pays est actuellement le seul pays au monde dont le statut est celui d’un pays tiers non coopérant en matière de lutte contre la pêche INN. Mais il y a aussi l’interdiction d’exportation qui frappe nos produits de pêche vers les marchés de l’Union Européenne depuis 2007. Quand on est devant de tels défis, pensez-vous qu’on peut rester cloîtrer entre les murs d’un bureau, fut-il un bureau ministériel ?

Effectivement, Monsieur le Ministre, et cela n’est plus un secret pour personne, notre pays figure sur la liste des pays tiers non coopérant dans le cadre de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Depuis votre entrée en fonction qu’avez-vous fait pour sortir notre pays de cette impasse ?

Votre question est difficile. Elle fait partie intégrante de ma mission telle que définie dans la lettre de mission qui m’est adressée par le Premier Ministre me demandant de renforcer la lutte contre la pêche INN, une des conditions majeures pour sortir notre pays de son statut de pays non coopérant.

Dans ce cadre, dès ma prise de fonction, après concertation avec les cadres de mon Département, nous avons recensé des sujets cruciaux liés à la lutte contre la pêche INN que nous avons traduit en recommandations. Elles sont au nombre de 13 et sans aller dans leur détail, je peux affirmer que presque toutes sont exécutées et feront l’objet de transmission à nos partenaires de l’Union Européenne.

Le moment venu, ce sera pour bientôt, je l’espère, nous en feront un compte rendu détaillé.

Il y a environ un mois, le 1er juillet dernier, vous avez pris un acte de fermeture d’une zone de nos eaux maritimes aux activités de pêche industrielle. Quelles ont été vos motivations ?

Merci de poser cette question parce qu’elle implique d’amples explications qu’il faut répéter autant de fois que c’est nécessaire pour que tout le monde sache qu’elle n’est prise contre les intérêts de personne mais bien pour la protection de la ressource halieutique.

La mesure d’interdiction ne date pas de cette année. Elle a été instituée en 2014. Nous n’avons fait que la reconduire. Pour la petite histoire, l’idée d’un repos biologique est une émanation des Etats Généraux de la pêche tenus, comme vous le savez, en septembre 2013. Elle venait d’un constat de nos scientifiques du CNSHB et des connaissances endogènes des pêcheurs qui établissaient que la ressource accusait une importante baisse des indices d’abondance notamment des principales espèces de poisson, de crevettes et des céphalopodes de nos pêcheries.

De même, les rendements journaliers des embarcations de pêche artisanale accusaient constamment des baisses affectant sérieusement le niveau des revenus des pêcheurs artisans. Pour toutes ces raisons, il était impératif qu’une mesure de préservation et de protection soit prise afin de minimiser les efforts sur la ressource.

Concrètement, Monsieur le Ministre, quel est l’objectif visé par le repos biologique ?

Le repos biologique vise fondamentalement la reconstitution de la ressource par des mesures de protection telles que celles définies dans l’Arrêté portant fermeture d’une zone des eaux maritimes aux activités de pêche industrielle dans les limites précises de 60 milles marins, pour une période de deux mois qui sont les mois de juillet et août qui, selon nos scientifiques, sont un moment de grande reproduction des différentes espèces de poisson. Par extension, le repos biologique devrait, également, favoriser une amélioration des indices d’abondance et des rendements des unités de pêche.

Je précise que la mesure ne s’applique pas aux navires de pêche dont les activités se situent au-delà des soixante milles (60) marins et aux embarcations de pêche artisanale.

Quelles sont les dispositions que vous avez mises en place pour faire respecter cette mesure interdisant l’activité de pêche industrielle durant cette période ?

Bonne question ! Ce sont essentiellement des dispositions de surveillance (vedettes à grande vitesse) de nos eaux maritimes mises en œuvre par notre Centre national de surveillance et de protection des pêches (CNSP).

Le Gouvernement a débloqué des fonds qui ont permis au CNSP de s’équiper en matériels d’énergie hybride rendant l’énergie disponible pour un fonctionnement continue de son Système de Surveillance Satellitaire. Grâce à ce système, le VMS, on peut surveiller, suivre et contrôler tous les navires évoluant dans nos eaux 24 heures sur 24. Aussi, le CNSP a signé un contrat avec un avionnaire de la place pour survoler nos eaux pendant tout le temps du repos. Enfin, nous faisons la sensibilisation et l’information de proximité des armateurs pour une pêche responsable et non illicite.

Avez-vous mis en place des mesures d’accompagnement ?

Certainement oui. Le Gouvernement, à travers mon Département a mené des consultations avec les Sociétés de pêche, à l’issue desquelles, elles se sont engagées à constituer des stocks de sécurité pour couvrir les besoins de la population pendant la période de repos biologique qui, d’ailleurs a coïncidé, en partie, au mois de carême. A ce titre, les plus grandes Sociétés ont constitué des stocks pour environ 11 000 tonnes de poisson et ont annoncé en prévision quelques 14 000 autres tonnes.

Parlez-nous de vos perspectives ?

Dans l’immédiat, il y en a deux. Premièrement, poursuivre intensément les efforts engagés dans la lutte contre la pêche INN en vue de sortir notre pays de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Deuxièmement, avec la mise en place du Conseil d’Administration de l’Office national de contrôle sanitaire des produits de la pêche et de l’aquaculture (ONSPA), travailler à la levée de l’interdiction d’exportation vers les marchés de l’Union Européenne de nos produits de pêche pour manquement aux normes et règles sanitaires et d’hygiène généralement admises.


La Cellule de Communication du Gouvernement

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