samedi, octobre 12, 2024

Mauvais état des routes, «un obstacle majeur à la croissance » (Banque Mondiale)

Un réseau routier fiable peut contribuer à promouvoir l’économie africaine et assurer à chaque habitant de la région l’accès aux opportunités économiques et aux services.

Toutefois, l’infrastructure routière est particulièrement vulnérable au changement climatique : la plupart des prévisions indiquent qu’en Afrique, la hausse des températures, l’augmentation des précipitations et les inondations finiront par avoir raison d’un réseau routier déjà soumis à une pression extrême. Alors qu’elle se prépare à investir massivement dans l’infrastructure, la région a une occasion unique d’anticiper les conséquences de l’évolution du climat par la rénovation des routes existantes et l’adaptation des nouvelles routes. Une nouvelle étude de la Banque mondiale sur la résilience dans le secteur routier aide les planificateurs à déterminer comment adapter le réseau de la façon la plus économique et la plus judicieuse possible, en prenant en compte divers scénarios climatiques.

L’avenir de l’Afrique repose sur ses routes

Un réseau routier adéquat et fiable est une condition essentielle au développement économique et social de l’Afrique. Des liaisons routières de qualité peuvent largement contribuer à étendre l’accès aux emplois, aux marchés, aux écoles et aux hôpitaux. Pour les populations rurales en particulier, une route est en général un axe vital qui relie les villages isolés aux débouchés économiques et aux services.

La faible densité et le mauvais état des infrastructures routières existantes constituent un obstacle majeur à la croissance de la région. Actuellement, seul un tiers des populations rurales vivent à moins de deux kilomètres d’une route praticable en toutes saisons, soit le taux d’accessibilité le plus faible dans le monde en développement. De plus, le manque de financement de l’entretien courant accélère la dégradation du réseau, laissant de nombreuses routes en mauvais état.

L’Afrique devrait bénéficiera d’investissements massifs dans ses infrastructures routières au cours des prochaines décennies, dans le cadre d’une vaste initiative d’expansion et d’amélioration de son réseau de transport. Lorsque l’on associe les initiatives régionales et les plans directeurs nationaux, les dépenses d’équipement dans le secteur routier se montent à une moyenne d’environ 4,6 milliards de dollars par an, pour un montant total de 78 milliards de dollars jusqu’en 2030.

Le changement climatique fera payer un lourd tribut au réseau routier africain

Pour que les dépenses routières produisent les meilleurs résultats possibles et aient des retombées durables sur le développement, il est essentiel que les plans d’investissement tiennent compte des conséquences du changement climatique. En effet, les actifs routiers sont particulièrement vulnérables aux facteurs de stress climatiques tels que la hausse des températures, l’augmentation des précipitations et les inondations.

La quai-totalité des modèles indiquent que les phénomènes météorologiques extrêmes exerceront une pression considérable sur le réseau routier africain. Les dommages et le vieillissement prématuré des routes causés par le changement climatique nécessiteront d’accroître sensiblement la fréquence et l’ampleur des travaux d’entretien et de remise en état des routes.

Outre des coûts d’entretien et de remise en état plus élevés, les dommages subis par l’infrastructure routière en raison du changement climatique entraîneront plus fréquemment des perturbations de la circulation des personnes et des biens, avec une incidence directe sur la productivité économique.

Fort heureusement, il existe des moyens efficaces d’adapter les nouvelles routes et de modifier celles qui existent déjà pour en renforcer la résilience climatique.

Prévenir ou guérir : comment intégrer au mieux les effets du climat?

Pour aider les planificateurs à déterminer la stratégie d’adaptation la plus économique et la plus appropriée à chaque situation, cette étude a mis au point une méthode pour comparer le coût de l’inaction à celui d’une démarche d’adaptation préventive, en ciblant pour cela trois principaux éléments:

Le coût du patrimoine routier sur toute sa durée de vie : construction, entretien, réparations et remise en état : cette analyse revêt une importance cruciale dans la mesure où les routes qui résistent aux chocs climatiques sont généralement plus coûteuses à construire, mais permettent ensuite des économies sur l’entretien, les réparations et la remise en état qui, dans la majorité des cas, compensent largement les dépenses supplémentaires liés à la construction.

La prise en compte de divers scénarios de changement climatique : la plupart des prévisions indiquent que le climat de l’Afrique sera très différent de ce qu’il est aujourd’hui ; il n’y a toutefois pas de consensus sur la nature, l’intensité et la répartition géographique de ces changements. C’est la raison pour laquelle la méthodologie employée dans cette étude a été conçue de manière à prendre en compte plusieurs scénarios climatiques. La prise en compte d’une gamme complète de scénarios climatiques rend bien sûr l’analyse plus complexe, mais ne pas en tenir compte pourrait amener les planificateurs à rater l’objectif visé et à sur-investir ou sous-investir dans la résilience climatique.

L’impact global des perturbations de la circulation causées par le climat : lorsqu’un phénomène climatique entraîne la fermeture d’une route ou en réduit la capacité, les conséquences sur les chaînes d’approvisionnement, la production économique et l’accès aux services varient largement en fonction de facteurs locaux tels que le volume de la circulation sur une route donnée ou l’existence d’itinéraires de substitution. Sur les routes à grande circulation, même un changement climatique relativement moyen peut avoir une incidence grave sur les populations et l’économie, une situation qui justifie clairement d’investir en faveur de l’adaptation.

Il n’existe pas de solutions universelles

Utilisant cette méthodologie, l’étude aboutit aux conclusions suivantes :

Le bon entretien des routes est le moyen le plus important et le plus efficace de réduire l’impact des changements climatiques sur le réseau routier. Les dommages causés par les chocs climatiques sont plus graves s’il n’existe pas de système d’entretien routier adéquat.
Il est presque toujours opportun d’investir à titre préventif dans l’amélioration des chaussées pour lutter contre la hausse des températures, le coût marginal de ce type de mesures d’adaptation étant relativement faible.

La pertinence des stratégies d’adaptation est plus nuancée en ce qui concerne les précipitations et les inondations : le prix à payer pour renforcer la résistance à ces facteurs de stress est généralement plus élevé et, par la suite, les économies réalisées sur l’entretien et la remise en état peuvent ne pas être suffisantes pour compenser les coûts initiaux. Dans ce contexte, la prise en compte de l’impact global des perturbations sur le réseau routier est essentielle pour déterminer si l’adaptation se justifie du point de vue économique.

En décidant du bien-fondé de l’adaptation des routes au changement climatique et de la manière d’y parvenir, les planificateurs du transport doivent évaluer au cas par cas les choix qui s’offrent à eux, et éviter les «solutions fourre-tout ».

Pour mettre ces recommandations en pratique et protéger ses infrastructures de transport contre les effets du changement climatique, la région devra renforcer les capacités financières, techniques et institutionnelles du secteur routier.

La Banque mondiale a élaboré à cette fin plusieurs initiatives pour aider les pays à intégrer le changement climatique dans la gestion de leurs actifs routiers. La Banque s’emploie également, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), à mettre sur pied un nouvel instrument pour l’investissement en faveur de la résilience climatique en Afrique (Africa Climate Resilient Investment Facility – AFRI-RES).

Cette étude a bénéficié de l’appui financier du ministère du Développement international du Royaume-Uni (DfID), du Fonds nordique de développement (NDF), du Kredit Anstalt für Entwicklung (KfW), de l’Agence française de développement (AFD), du Programme de partenariat entre la Banque et les Pays-Bas (BNPP) et du Fonds fiduciaire pour un développement durable sur le plan environnemental et social (TFESSD).

Source : Banque Mondiale

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